Innovation gendarmerie : une nouvelle application mobile pour traquer les contrefaçons

  • Par Lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 27 avril 2021
© GGD 78

Pouvoir, en un clic, distinguer un faux sac de luxe, des jouets pour enfants non conformes aux réglementations, des cigarettes ou des médicaments contrefaisants, sans être un spécialiste en la matière, c’est ce que 700 gendarmes des Yvelines peuvent faire, depuis 6 mois, grâce à une application innovante.

Du nom de Gendlucse, contraction d’application de la GENDarmerie pour la LUtte contre la Contrefaçon et pour la Sécurité Économique, cet outil est capable de vérifier l’authenticité d’une marchandise grâce à deux ou trois photographies. Une application extrêmement utile dans ce département, qui enregistre 5 % des infractions liées aux contrefaçons au niveau national et en zone gendarmerie en 2020.

Fruit d’une collaboration entre trois militaires

Mise en service à titre expérimental il y a 6 mois, cette application est le fruit d’une longue concertation et d’un travail commun entre un lieutenant-colonel, un adjudant-chef et un réserviste. « Depuis 2017, l’adjudant-chef Jean-Michel, de la BDRIJ des Yvelines (Brigade Départementale de Renseignements et d’Investigations Judiciaires), avec le concours actif de l’UNIFAB, réunissait, durant une journée, des représentants de grandes marques et des gendarmes volontaires, pour les former à reconnaître les contrefaçons », explique le lieutenant-colonel Mathieu Grot, officier adjoint en charge du Renseignement au sein du groupement de gendarmerie des Yvelines et référent SECOPE (Sécurité ÉCOnomique et Protection des Entreprises). En trois ans, ce sont ainsi 144 gendarmes qui ont été formés et sensibilisés à cette problématique. « C’est pas mal, mais nous voulions aller plus loin », poursuit l’adjoint au commandement.

Après plusieurs mois de travail, les deux militaires présentent leur projet d’application. Mais très vite, ils se heurtent à un problème : sa conception. L’un des 450 réservistes du département se fait alors connaître : le capitaine de réserve Adrien. Le chef de l’entreprise d’ingénierie Agenium, basée à Saint-Germain-en-Laye, leur propose de mettre au point cet outil. Les trois hommes sont rejoints dans l’aventure par le maréchal des logis-chef Williams, de la BDRIJ, et par le gendarme Vincent. Débute alors une coopération de plus d’un an, durant laquelle Gendlucse va être créée.

Pratique et efficace

L’application, utilisable sur un smartphone, sur un Néogend, mais aussi sur une tablette ou sur un ordinateur, est « très simple d’utilisation », explique l’adjudant-chef Jean-Michel. Lors d’un contrôle, les militaires doivent simplement prendre en photo le ou les objets en question, puis les envoyer à un référent de la marque. En quelques minutes, ils reçoivent une réponse de la marque.

Plus l’application compte de marques partenaires, plus son efficacité et son utilisation sont importantes. Pour cela, le groupement de gendarmerie des Yvelines a donc travaillé en collaboration avec UNIFAB, (UNIon des FABricants), très impliquée dans le domaine des contrefaçons et particulièrement favorable au projet. Grâce à cette alliance, l’application compte aujourd’hui plus de 94 références. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter, puisque l’Union des fabricants a récemment proposé à la gendarmerie de mettre à sa disposition un catalogue de plus de 200 marques, qui rejoignent spontanément, les unes après les autres, le projet.

En plus de ce lien direct avec des experts, l’application met aussi à la disposition des gendarmes de la documentation issue des marques elles-mêmes, comme des comparatifs photo de vrais et faux produits et des explications sur les signes objectifs devant attirer l’attention de l’enquêteur : type de tissu et coutures employés, apparence générale du produit, étiquetage, contexte de la vente…

Sur Gendlucse, les gendarmes peuvent également retrouver des modèles de procès-verbaux, ainsi qu’une liste des NATINF (numéros de référence des infractions) spécifiques liés à ce type de délinquance. À très court terme, la liste exhaustive des cigarettes susceptibles d’être contrôlées sur le territoire national, tous groupes industriels confondus, sera également intégrée avec, pour chaque marque, le contact d’un référent pouvant répondre très rapidement aux sollicitations des gendarmes.

2 700 cartouches saisies

Après 6 mois d’utilisation de cette application, et malgré un ralentissement des flux, lié à la crise sanitaire, le bilan est positif, avec une hausse du nombre d’infractions constatées, principalement due à la mise à disposition de données facilitant la détection.

Mardi 20 avril dernier, par exemple, au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines, un camion transportant 2 700 cartouches de cigarettes, soit 27 000 paquets, a été intercepté. Après une vérification au moyen de l’application, les militaires ont pu attester de la contrefaçon et saisir l’ensemble de la marchandise, représentant un montant total de plus de 270 000 euros. Au terme de sa garde à vue, le conducteur du véhicule a été jugé en comparution immédiate, où il a écopé d’un 1 an de sursis et d’une lourde amende.

Au-delà de l’aide judiciaire apportée par l’application, et dont se réjouit le parquet de Versailles, se trouve une dimension économique et humaine. « Avec cette application, c’est un petit clin d’œil que fait la gendarmerie aux entreprises et au monde économique en général, qui souffre beaucoup en ce moment », indique le lieutenant-colonel Grot.

Chaque année, les contrefaçons coûteraient à la France plus de 6,8 milliards d’euros, selon le dernier rapport de l’office de l’union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO). Si cette application était étendue à d’autres départements, comme l’espère le groupement des Yvelines, le petit clin d’œil pourrait alors rapidement se transformer, pour les entreprises, en un sacré coup de main.

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