« C'est la République toute entière qui s'incline » pour les trois gendarmes tués à Saint Just

  • Par la capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 29 décembre 2020
© SIRPA/Gend F. Garcia

Lundi 28 décembre, à Ambert, les honneurs militaires ont été rendus à nos trois camarades décédés en service dans la nuit du 22 au 23 décembre. Une cérémonie placée sous le signe de l'émotion, témoignant de la reconnaissance et de l'admiration de toute la Nation.

Sur la place d'Ambert, portés par des camarades, trois cercueils recouverts du drapeau tricolore s'avancent, au son des tambours de la garde républicaine. Ceux du lieutenant Cyrille Morel, de l'adjudant Rémi Dupuis et du brigadier Arno Mavel, abattus par un forcené dans la nuit du 22 au 23 décembre. Désarroi, peine, tristesse, incompréhension… L'émotion est vive ce lundi 28 décembre, lors de la cérémonie d'hommages. Mais derrière la douleur se cache également un autre sentiment : la fierté. Fierté, car les trois militaires sont allés jusqu'au bout de leur engagement, au péril de leur vie. Fierté, car ils ont fait preuve d’un « courage extrême », comme l'a confié le général d’armée Christian Rodriguez, dans le journal La Montagne. À 14 h 45, les honneurs militaires leurs ont été rendus.

Un hommage vibrant en mémoire de trois camarades

L'acte héroïque des trois gendarmes a été honoré ce lundi, à Ambert, au cours d'une cérémonie coprésidée par la ministre des Armées, Florence Parly, et le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en présence du général d'armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie. La musique de la garde républicaine, le drapeau de la région Auvergne Rhône-Alpes, un détachement de gendarmes du groupement de gendarmerie du Puy-de-Dôme et de nombreuses autorités étaient présents pour accompagner ce moment solennel lourd de sens.

© SIRPA/Gend F. Garcia

L'hommage était à la hauteur de l'engagement des trois militaires qui, comme l'exprime leur commandant de compagnie, « ont rempli la mission jusqu'au bout, jusqu'au sacrifice ultime ». Face à leur action, malgré le désarroi, la fierté est grande pour ce chef. « Ils ont empêché un carnage. Ils nous ont mis sur le chemin de l'abnégation et sont un exemple pour toute la gendarmerie nationale », a livré, ému, le chef d'escadron Fabrice Touioui.

Acte de bravoure, sacrifice ultime, engagement total, jusqu'au bout. Depuis une semaine, ces mots résonnent dans les esprits, à l'évocation de la tragédie qui a frappé l'Institution quelques jours avant Noël. « Affectivement, cette journée est la plus difficile », exprime le colonel Patrice Martinez, commandant en second de la région, qui s'était rendu sur les lieux de l'intervention la nuit même du drame, « mais nous gardons à l'esprit que leur sacrifice a sûrement évité des conséquences plus graves. Nous leur devons toute notre reconnaissance. »

Ce 22 décembre, la nuit a été longue pour l'officier. « Sur le moment, beaucoup de pensées nous traversent l'esprit, tout va très vite. On sait que nos camarades ont été tués, mais il faut continuer l'action. On doit penser à préserver au maximum les gendarmes sur le terrain. » Continuer l'action. C'est l'acte remarquable accompli cette nuit-là par l'ensemble des militaires engagés, qui ont vu leurs camarades tomber. Ce lundi 28 décembre, nombreux sont ceux présents pour leur rendre hommage.

© SIRPA/Gend F. Garcia

« Il n'y a pas plus noble sacrifice que celui-ci »

C'est devant une assemblée affectée que, revenant sur les circonstances dramatiques du décès des trois gendarmes, sur ce « déluge de feux » dont ils ont été victimes, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a tenu à témoigner de la reconnaissance de la Nation. « Première ligne et dernier recours », voici la formule que le ministre a choisi d'employer dans son discours. Il l'a souligné : le métier de gendarme n'est pas un métier comme les autres. Chaque jour, ils s'exposent à des risques, parfois au sacrifice de leur vie. C'est ce qui fait des gendarmes des « héros du quotidien, qui paient de leur sang. »

Le lieutenant Cyrille Morel, l'adjudant Rémi Dupuis et le brigadier Arno Mavel n'ont pas hésité à risquer leur vie pour sauver une victime. « Trois vies sacrifiées pour en sauver une autre. » Ce soir-là, leur abnégation et leur courage ont pris le pas sur tout le reste. Ils sont tombés en accomplissant leur mission. Et après avoir eu un mot pour chacun d’entre-eux, Gérald Darmanin a exprimé toute son admiration à leur égard. « Ils ont fait honneur à l'Institution, à la France et à la République. »

Ils sont tombés comme ils ont vécu, en gendarmes, en soldats de la République

© SIRPA/Gend F. Garcia

La reconnaissance de la Nation

Précédant les honneurs militaires, une cérémonie présidée par le directeur général de la gendarmerie nationale a récompensé l'adjudant-chef Bertrand Boyon, blessé lors de l'intervention. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur et a été décoré de la médaille de la gendarmerie avec palme de bronze et la médaille d'or de la sécurité intérieure.

© SIRPA/Gend F. Garcia

Lors de la cérémonie, ses trois camarades ont été cités à l'Ordre de la Nation et les plus hautes distinctions leur ont été remises. Ils ont été faits chevaliers de la Légion d'honneur et ont été décorés de la médaille de la gendarmerie avec palme de bronze et de la médaille d'or de la sécurité intérieure. La médaille militaire a été remise à l'adjudant Rémi Dupuis et au brigadier Arno Mavel.

Le lieutenant Cyrille Morel est élevé au rang de lieutenant-colonel.

L'adjudant Rémi Dupuis est élevé au rang de major.

Le brigadier Arno Mavel est élevé au rang de gendarme.

© SIRPA/Gend F. Garcia

Au même moment, dans toute la France, des milliers de militaires se sont réunis dans les casernes pour rendre hommage à nos trois camarades.

Un immense soutien

Tout le pays s'est mobilisé pour soutenir une gendarmerie meurtrie par ce drame. « Nous avons reçu beaucoup de messages de soutien. Il y a eu un vaste élan de solidarité, de l'Institution comme de la population », apprécie le colonel Patrice Martinez. Devant la brigade d'Ambert, de nombreux bouquets de fleurs recouvrent l'escalier. Dans les mains du commandant de compagnie, des lettres et des dessins… Sur l'un d'eux, une inscription touchante, pleine de sens : « On a besoin de vous, merci. » Ces attentions réconfortent et réchauffent le cœur des militaires. Pour la petite compagnie d'Ambert, « consternée, effondrée, décimée », comme la décrit son commandant, cet élan de solidarité est essentiel. Il est la preuve même que la population est proche de ses gendarmes et que la gendarmerie est une grande famille.

© SIRPA/Gend F. Garcia

L'unité ne se relèvera jamais complètement de ce drame. Mais le commandant de compagnie l'assure : ils avanceront, gardant en mémoire le noble sacrifice de leurs trois camarades. « Le plus difficile pour un chef, c'est de perdre ses hommes. Mais pour ceux qui restent, je dois les aider. La place du chef est devant », partage-t-il avec émotion.

15 h 30, la cérémonie s'achève. Au rythme de la « Marche funèbre », les trois cercueils quittent la place. L'heure d'un dernier adieu à ces héros du quotidien, qui ont payé de leur sang. Ce lundi 28 décembre, c'est toute la République qui s'est inclinée devant eux.

Nous ne les oublierons pas.

© SIRPA/Gend F. Garcia

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