GendLab 2019 : L'intelligence Artificielle

  • Par Contributeur 411117
  • Publié le 06 mars 2019, mis à jour le 13 juin 2023

Le 7 février 2019, dans le cadre du Plan Stratégique Recherche et Innovation de l’Observatoire National des Sciences et des Technologies de la Sécurité (ONSTS), un séminaire de type OOS « one day – one topic seminar ») s’est tenu au sein du Pôle Judiciaire de la Gendarmerie Nationale (PJGN).

L’objectif de celui-ci était d’aborder les aspects légaux et éthiques de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la délinquance. Lors de ce séminaire les participants ont pu découvrir des cas d’usages, des retours d’expérience, des perspectives et des solutions techniques pour les projets à venir.

Le colloque s’est ouvert sur un mot d’introduction de monsieur Jean-Yves Daniel et du général Patrick Touron, les deux co-présidents de l’ONSTS. Le colonel  Jérôme Servettaz, commandant du Service Central de Renseignement Criminel de la Gendarmerie Nationale (SCRC) a ensuite pris la parole pour aborder l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le renseignement criminel. Il a notamment abordé les perspectives et les enjeux liés à l’utilisation de celle-ci.

Madame Emelie Segura-Cau, responsable du service des affaires régaliennes et des collectivités territoriales de la CNIL est ensuite intervenue sur les enjeux éthiques et juridiques de l’intelligence artificielle, affirmant les principes de loyauté de vigilance.

La matinée s’est poursuivie avec l’intervention de Maître Alain Bensoussan, spécialiste du droit du numérique et des technologies avancées. Lors de son intervention il a affirmé que les questions liées à l’intelligence artificielle vont aujourd’hui au-delà de l’éthique et nécessitent des réformes majeures en droit. Il a confirmé le besoin de fichiers uniques, éthiques by design permettant d’empêcher la criminalité. Il a d’ailleurs énoncé le concept de protocriminalité. Selon lui, il faut créer une acceptabilité sociale en mettant en avant l’intérêt de ces technologies, comparé au risque pour les libertés individuelles. L’intelligence artificielle structurera selon le lui le paysage de demain, un droit des algorithmes est donc indispensable et ce nouveau droit concernera nécessairement : le droit à la vie, le droit à l’intimité et le droit à la décision. A la suite de l’intervention de Maître Alain Bensoussan, le directeur du conseil sécurité intérieure de Sopra Steria est intervenu sur les autres questions juridiques.

Le professeur Dominique Boullier, du Digital Humanities Institute de l’Ecole Polytechique Fédérale de Lausane est intervenu pour parler de l’human-maching learning, design organisationnel et décision. Il a relevé le rôle de l’intelligence artificielle dans le design organisationnel. L’apprentissage automatique permet à une organisation de mieux comprendre son fonctionnement et ainsi d’optimiser ses ressources. Le machine learning peut répondre selon lui à deux questions :

  1. Comment ne pas rester cloisonné dans une vision du futur prédéterminée par des probabilités basées sur un passé connu ?
  2. Comment interpréter les résultats d’un deep learning opaque ?

Mais l’ensemble du design de ces procédures ne doit pas être oublié pour autant.

Enfin, la matinée s’est terminée par l’intervention du docteur Hélène Lavoix, directrice de the red (team) Analysis Society. Elle a soulevé la question de comment adapter les forces de police à un monde ou l’intelligence artificielle tient une part croissante. Elle a présenté plusieurs cas d’usage de l’intelligence artificielle pouvant être mis en œuvre à des fins criminelles ou malveillantes et qui représenteront un défi pour les enquêteurs et les forces de sécurité. Elle a évoqué dans ce cadre les risques et les opportunités liés à l’émergence des technologies quantiques. Enfin, elle a rappelé les deux composantes clefs de l’intelligence artificielle que sont les capteurs et les actionneurs, et la nécessité pour l’Etat de disposer des ressources suffisantes pour protéger la population.

Le colloque s’est poursuivi l’après-midi avec l’intervention du chef d’escadron Jérôme Lagasse, doctorant au centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale. Il a évoqué lors de sa conférence, les enjeux et les perspectives du traitement des flux de mégas données par le biais de l’intelligence artificielle. Il a évoqué les problématiques posées par la numérisation de l’espace public et la quantité astronomique de données générées. Il a conclu que la police prédictive peut donc être vue comme une contrainte ou comme une aide à la décision par une analyse fine des faits.

Le colonel Collorig, commandant de division au sein du SCRC est ensuite intervenu pour aborder le sujet de la police prédictive : l’anticipation au service de la lutte contre la criminalité.

Le chef d’escadron Christophe Lambert, chef du département signal image parole (SIP) de l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) a ensuite évoqué les perspectives de l’intelligence artificielle dans la criminalistique orientée image. Sélection, analyse, reconnaissance et traitement des images, comparaison d’écriture, lecture sur les lèvres … seront un gain de temps et d’efficacité pour les analyses. Il a également mentionné que plusieurs projets d’intelligence artificielle appliquée à la criminalistique sont d’ores et déjà lancés.

Le colonel Patrik Touak, sous-directeur de la direction générale de la gendarmerie nationale (SDSIS) a ensuite présenté une expérimentation menée dans son groupement sur l’optimisation des patrouilles gendarmerie. Au terme de l’expérience, 80% des personnels ont émis le souhait de faire perdurer cette méthodologie. En effet, le temps libéré par cette nouvelle organisation a permis d’améliorer le traitement des procédures judiciaires, d’améliorer la qualité de vie des gendarmes, et la présence sur le terrain. Une architecture centrale est d’ailleurs en cours de construction, afin d’offrir des aides à la conception de service appuyées sur l’intelligence artificielle.

Monsieur Christiaan Driskens, de la Police Fédérale de Belgique, a ensuite présenté les fonctions d’analyses de l’Automatic Number Plate Recognition (ANPR) :

  • Contrôle de la vitesse
  • Protection des aéroports
  • Recherche d’éléments clefs pour la résolution d’affaires judiciaires.

Il a évoqué la nécessité d’anticiper les évolutions technologiques de la société dans le développement des outils actuels des forces de l’ordre afin de ne pas être dépassés avant même l’aboutissement des projets menés. Il a également affirmé que l’ANPR est basé sur un système central au sein duquel la protection de la vie privée se déplace désormais de la captation à la sauvegarde et à l’accès aux données.

Enfin, la journée s’est poursuivi par l’intervention de Nexa Technologies sur l’analyse criminelle augmentée et l’intervention du responsable de la solution détection et investigation de SAS sur l’intelligence artificielle au service de l’investigation.

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