GendLab 2018 : L'empreinte olfactive

  • Par Contributeur 411117
  • Publié le 06 décembre 2018, mis à jour le 13 juin 2023

Le 29 Novembre 2018, dans le cadre du Plan Stratégique Recherche et Innovation de l’observatoire National des Sciences et des Technologie de la Sécurité (ONSTS), un séminaire de type OOS (« one day – one topic seminar ») s’est tenu au sein du Pôle Judiciaire de la Gendarmerie Nationale.

L’objectif de celui-ci était de mettre en lumière de nouveaux éléments pertinents permettant d’étoffer la chaîne d’identification d’un individu par son odeur. En effet, même si de nombreuses études ont montré la fiabilité de la capacité olfactive des chiens dans l’identification d’un individu, la trace olfactive ne dispose pas à ce jour d’une force suffisamment probante devant les tribunaux puisque les chiens sont dans l’incapacité de témoigner.

Caractériser un individu par son odeur représente un véritable enjeu pour la Gendarmerie Nationale. En effet, les criminels prennent de plus en plus de précautions afin d’éviter de laisser la moindre trace sur la scène de crime, cependant leur odeur reste impossible à camoufler totalement. Pour les scientifiques, l’odeur d’un individu n’est autre qu’une signature corporelle ou une empreinte olfactive constituée de centaines de composés organiques volatils, déterminés en partie par le patrimoine génétique mais également par des paramètres environnementaux comme l’activité, l’alimentation ou les cosmétiques. Au même titre qu’une empreinte digitale ou qu’une caractéristique biométrique, l’odeur d’un individu est probablement unique.

L’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN) s’est fixé l’objectif de rendre l’identification olfactive possible devant les tribunaux au même titre que l’identification par l’ADN ou par l’empreinte digitale. Pour cela, l’institut s’est associé à plusieurs partenaires de haut niveau tels que l’Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de la ville de Paris (ESPCI Paris), l’Institut Supérieur International de la Parfumerie, de la Cosmétique et de l’Aromatique Alimentaire (ISIPCA) ou encore l’Institut Curie.

Les travaux de recherche se sont concentrés dans un premier temps à la mise en place des méthodes innovantes afin de prélever de l’odeur directement sur une personne ou par aspiration de l’air ambiant. Le but de ces travaux est de réaliser un kit de prélèvement uniforme, peu coûteux et facilement intégrable à la mallette de travail des Techniciens en Identification Criminelle (TIC). Dans un deuxième temps, il a également fallu développer une méthode d’analyse fiable et reproductible. Ces travaux sont complétés par des traitements statistiques des résultats en vue de déterminer des marqueurs pertinents pour l’identification de personnes.

Afin de développer un protocole de prélèvement facilement en adéquation avec les contraintes du terrain et les capacités du chien, des tests ont étés menés en lien direct avec les équipes cynophiles. Ce séminaire a ainsi été l’occasion de réunir les différents acteurs du projet et d’échanger sur de nouvelles perspectives de travail notamment dans le domaine médical.

Le séminaire a débuté sur un mot d’introduction de Monsieur Jean-Yves Daniel, doyen honoraire de l’Inspection Générale de l’Éducation nationale et co-président de l’ONSTS, du Général Patrick Touron commandant du Pôle Judiciaire de la Gendarmerie Nationale et co-président de l’ONSTS et du Colonel Franck Marescal directeur de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.

Afin de poser les bases de cette réflexion, le premier thème abordé par ce colloque était l’Odorologie et les neurosciences. Le fonctionnement des équipes cynophiles et un retour d’expérience, ainsi que l’explication scientifique de la détection et l’identification des odeurs complexes chez le chien ont été respectivement présentés par un spécialiste en odorologie de la police nationale, par un maître-chien en Gendarmerie et par une chercheuse du CRNL (CNRS).

empreinte olfactive

empreinte olfactive

empreinte olfactive

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Le séminaire s’est ensuite poursuivi avec l’Empreinte olfactive en elle-même afin d’aborder la problématique du prélèvement, la technique de séparation analytique utilisée et le point de vue cosmétique avec les interventions du Capitaine Vincent Cuzuel, spécialiste du sujet, d’un directeur de recherche de l’ESPCI et de la responsable de la plateforme scientifique de l’ISIPCA.

En début d’après-midi, le séminaire s’est concentré sur l’approche et le traitement des données avec une première conférence sur le traitement des données par l’approche Bayésienne. Cette conférence a notamment permis de mettre en valeur l’importance des statistiques dans ce type de recherche. La seconde conférence de cette thématique abordait l’aspect biométrique et la comparaison de données, dans un autre travail de recherche mené actuellement par l’IRCGN sur la reconnaissance faciale. Ce projet, en apparence éloigné de l’empreinte olfactive, présente toutefois beaucoup de similitudes, notamment dans sa problématique et sur l’analyse des résultats.

Enfin, le séminaire s’est terminé avec les Axes d’ouverture de ce projet d’un point de vue médical. Deux sujets ont été présentés. 

Réalisé par l’Institut Curie, l’ESPCI et un trio de maîtres-chiens, le projet KDOG a pour but d’apporter une nouvelle stratégie dans le dépistage du cancer du sein. Actuellement, ce cancer ne peut se détecter que par mammographie, examen contraignant et pas toujours agréable pour les femmes.  Il se base sur l’hypothèse que les tumeurs sont inodores pour l’homme mais odorantes pour le chien. Son objectif est de proposer un examen indolore à réaliser à domicile. La patiente se lave au préalable avec un savon neutre, avant de placer des compresses toute une nuit sur ses seins. Les compresses sont ensuite placées dans des bocaux et envoyées pour détection par un chien. Le projet Kdog s’associe en 2019 avec l’IRCGN, afin de poursuivre les recherches. Les supports d’absorption, utilisés pour le projet d’Empreinte Olfactive de l’IRCGN, sont placés sur les compresses et analysés suivant la méthode développée. Le traitement des données sera ensuite réalisé à l’aide d’algorithmes spécifiques. Les résultats finaux seront discutés avec les pathologistes, en regard des résultats d’histopathologie de chaque patiente.

Au cours de cet axe d’ouverture une seconde conférence a présenté la problématique de la maladie de Lyme. Cette maladie infectieuse est due à une bactérie appelée Borrelia burgdorferi. A l’heure actuelle, il est très difficile de diagnostiquer rapidement cette maladie. Il n’a pas encore été démontré que la maladie de Lyme présentait une odeur particulière, toutefois, certains malades rapportent que leur sueur a une odeur différente lors des poussées de la maladie. Ici aussi, une collaboration exploratoire est en cours avec les spécialistes de l’IRCGN.

La journée a ainsi permis de dresser un premier bilan sur le projet de l’empreinte olfactive qui est de plus en plus étudié que ce soit par la Gendarmerie, le monde universitaire ou le monde médical. A cette occasion, le Chef d’Escadron Guillaume Cognon, chef du département Environnement Incendies et Explosifs, directeur de programme sur cette thématique, a d’ailleurs reçu la médaille de l’Assemblée Nationale, remise par Mme Aude Bono-Vandorme, députée de l’Aisne, membre de la commission de la Défense et des forces armées et membre de la commission des affaires Européennes.

CR_GendLab_Empreinte_Olfactive.pdf (117,5 kB)

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