Départ du général François Heulard : « L’Institut de recherche criminelle est un outil extraordinaire »
- Par la rédaction du site PJGN
- Publié le 27 août 2024, mis à jour le 28 août 2024
Arrivé en 2000 à l’Institut de recherche criminelle, le général François Heulard en était le directeur depuis 2022. Quittant ses fonctions le 1er septembre, ce physicien de formation a participé au développement de l’Institut, intervenant sur des théâtres d’opération en Afrique ou en Ukraine.
Directeur de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) depuis 2022, le général François Heulard rejoint le Grand Est le 1er septembre, en tant que chargé de mission auprès du commandant de la région de gendarmerie Grand Est. Une pointe de nostalgie se dégage lorsque le général est interrogé sur son arrivée à l’Institut en 2000, au Département environnement, incendies et explosifs (DEIE, ex-ECX). Il qualifie cette première expérience comme étant « la plus enrichissante » de sa carrière d’officier, acquérant « des compétences techniques et expertales ».
La quête de l’expertise
Armé d’un DEA dans le domaine de la physique, François Heulard a pourtant déchanté en recevant sa première lettre de mission pour intégrer ECX. « Je devais faire de la chimie analytique. Or, je détestais la chimie. On me présente un matériel, un GC/Fid… je ne savais même pas à quoi cela servait », se remémore-t-il avec amusement. Rapidement, il s’adapte à l’univers, poursuivant son apprentissage, bouquinant, se mettant au niveau, réalisant un autre DEA – en chimie cette fois-ci. Aux équipes qui l’ont entouré durant ce début de carrière, François Heulard assure leur être « éternellement reconnaissant », lui permettant d’être « tiré vers le haut ».
Il se souvient des interventions sur le terrain après des explosions ou des incendies, avec une méthode qui s’est affirmée au fil des années : « Je suis parti sur des scènes avec des gens comme Guillaume Cognon qui sont encore ici (actuellement lieutenant-colonel, ndlr), qui étaient bien meilleurs que moi. Sur un incendie, il y a des choses que je ne voyais pas et que lui voyait. Cela m’a donné une bonne dose d’humilité, car je savais où j’en étais niveau expertise et ce qu'il me restait à faire pour progresser. »
À l’IRCGN, « on avait un esprit pionnier »
François Heulard prend rapidement la tête du département. Une époque où l’IRCGN n’est composé que de 80 personnes, bien loin des plus de 500 gendarmes et civils œuvrant actuellement au sein du Pôle judiciaire (PJGN) : « Quelque part, on avait un esprit pionnier. Nous n’avions pas autant de moyens. Nous avions aussi moins de contraintes de productions. Il fallait être capable de résoudre une grosse affaire et continuer à monter en niveau. »
Cet esprit pionnier passe par des expériences dans les locaux situés à Rosny-sous-Bois. « On voit des explosions à la télévision, parfois de plusieurs dizaines de kilos. Mais 100g d’explosifs, ça fait quoi ? On l'a fait par exemple sur une voiture. Cela nous a permis de tester et de comprendre, par petites touches et tests », explique l’actuel général de brigade.
L’IRCGN grandit au sein du PJGN
La préparation du déménagement de l’IRCGN à Pontoise au début des années 2010 est un deuxième tournant pour François Heulard. « Ce sont les utilisateurs qui ont pensé les plans et créé les locaux, c’était une originalité », appuie-t-il, décrivant certaines réflexions des chefs de départements comme les arrivées du gaz dans les laboratoires et les contraintes d’évacuation ou bâtimentaires. Il est alors chef de la Division criminalistique, physique et chimie.
L’IRCGN est intégré au sein du PJGN qui comprend également le Service de renseignement criminel (SCRC). La taille humaine disparaît peu à peu. Le général la regrette un peu : « À Rosny, il y avait une petite salle café qui devait avoir la taille d’un petit bureau. Tout le monde s’y retrouvait et échangeait. Beaucoup de choses se faisaient à la salle café. Il nous manque peut-être cela à Pontoise. C’est à réfléchir pour l’avenir. Nous sommes peut-être trop enfermés dans nos départements, à nos étages. »
Une implication sur plusieurs fronts
Avec l’IRCGN, François Heulard apporte son expertise sur plusieurs scènes à l’étranger avec le devoir de s’adapter selon les terrains, que ce soit au Burundi en 2013 après l’incendie du marché central de Bujumbura – un pilier de l’économie du pays, au Mali à la suite d’attentats, au Burkina Faso en 2016 après l’attaque d’Al-Qaïda contre des civils dans un hôtel et un restaurant de Ouagadougou - causant le décès de 30 personnes - ou en Ukraine après l’invasion de la Russie le 24 février 2022. Sur le front de l’Est, l’IRCGN est mobilisé deux mois après le début de la guerre. « La mission avait un caractère quasiment sacré car la première chose qu’apporte la France en Ukraine, ce n’est pas les armes, ni les médicaments, mais le droit. On était le bras armé du droit », affirme le général.
Les équipes devaient en effet analyser le plus rapidement possible les ADN grâce au laboratoire mobile, pour identifier les nombreux corps, notamment à Boutcha. Des balisticiens, des experts en explosifs et en fixation de scène ont aussi permis de collecter des preuves afin de déterminer les causes des morts et des dégradations sur les différents sites. « On est tous partis avec cette idée de vouloir faire la lumière sur ce qu’il se passait là-bas », ajoute-t-il, en précisant que l’un des objectifs en Ukraine était de nourrir la procédure de la Cour pénale internationale.
En parallèle, François Heulard contribue à lancer des initiatives dans la recherche et développement. Parmi celles-ci, l’IRCGN étudie depuis dix ans un projet « très ambitieux » en lien avec la signature chimique corporelle : « Le chien réussit à identifier une personne. Pourquoi on n'y arriverait pas avec de la chimie ? Le chimiste, contrairement au chien, peut témoigner au tribunal. »
Nul doute, pour François Heulard l’IRCGN est un « outil extraordinaire, un incubateur technique et scientifique avec des gens magiques et passionnés dans des pôles d’expertise de haut niveau ». Il prend l’exemple de nombreux départements qui représentent selon lui l’excellence, à l’image de celui des véhicules ou de la génétique.
Natif de Lorraine, François Heulard s’imaginait fermier étant enfant. Il a finalement contribué en tant que scientifique et gendarme à l’évolution de l’IRCGN et du PJGN.
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