Département Faune et Flore Forensiques (DFFF)

  • Par Contributeur 384507
  • Publié le 23 juin 2016, mis à jour le 06 novembre 2023

Créé en 1992, le département Faune et Flore Forensiques couvre l’ensemble des domaines d’expertises liés à la présence d’animaux, d’insectes, de diatomées jusqu’aux bactéries.

La détermination d’une empreinte environnementale implique l’application d’une suite de techniques d’analyses d’éléments biologiques afin d’apporter de l’information en criminalistique.

Ces bio-indicateurs forensiques doivent être compris comme des éléments parcellaires d’un milieu original qui se compose d’un ensemble hétérogène d’animaux ou de végétaux. Tous sont susceptibles d’être rencontrés sur une scène d’infraction, sur un cadavre, une victime, un lieu, ou un objet et sont potentiellement des indices.

L’ensemble des éléments biologiques est à prendre en compte, leur pouvoir discriminant associé aux informations circonstancielles de l’affaire pouvant contribuer avec intérêt à une réponse criminalistique.

Parallèlement aux disciplines d’emploi généralisé tel que l’ADN ou l’empreinte digitale, l’indice naturel trouve toute sa place dans le processus criminalistique. La détermination d’une empreinte environnementale implique l’application d’une suite de techniques d’analyses d’éléments biologiques.

Une tendance à une considération globale des éléments

Ces bio-indicateurs doivent être compris comme des éléments parcellaires d’un milieu originel qui se compose d’un ensemble hétérogène d’animaux ou de végétaux. La plupart des techniques employées sont appliquées depuis longtemps avec succès dans de nombreux pays pour la compréhension, voire la résolution d’un large spectre d’infractions contraventionnelles, délictuelles ou criminelles.

Aujourd’hui la démarche criminalistique va plus loin encore. La tendance actuelle est de considérer ces techniques dans leur ensemble et non plus individuellement. En d’autres termes, cela revient à raisonner à un niveau plus global qui fait référence à des éléments microscopiques et macroscopiques de plantes, d’animaux et de microorganismes. Tous sont susceptibles d’être rencontrés sur une scène d’infraction, sur un cadavre, une victime, un lieu ou un objet. Ils sont potentiellement des indices. La force de l’indice naturel vient du fait qu’il évolue dans le milieu avec des besoins, des tolérances spécifiques et une distribution non aléatoire, voire logique. C’est pourquoi, lors d’une investigation, l’ensemble des éléments sont à prendre en compte car leur pouvoir discriminant associé aux informations circonstancielles de l'affaire peut contribuer avec intérêt à une réponse criminalistique. Ainsi, plusieurs classes d’indices naturels peuvent être distinguées au regard de la réponse apportée lors d’investigations. Les informations spatio-temporelles permettent de situer une action dans le temps et dans l’espace.

Information de temps différenciée selon le milieu

L’entomologie légale ou forensique est une application directe de la biologie, de l’écologie, et de la physiologie des insectes dans un contexte criminalistique.

Cette discipline s’intéresse à tous les liens qui peuvent exister entre un insecte et l'information qu'il peut apporter lors d'un procès pénal. Les applications sont multiples : la détermination de l’origine géographique d’une marchandise, la mise en évidence de mauvais traitement sur des animaux, d’un problème sanitaire, de protection des espèces protégées par des conventions nationales, communautaires ou internationales (convention de Washington) et d’escroquerie. Néanmoins, cette application est quasi exclusivement consacrée à l’étude des insectes nécrophages pour l’estimation du délai post mortem pour des corps dégradés.

En effet, là où la médecine légale n’a plus d’éléments physico-chimiques pour étayer les conclusions sur une datation, l’entomologie légale prend le relais. Au sein de l’IRCGN, l’entomologie légale fait l’objet d’une accréditation selon la norme des laboratoires NF EN ISO/CEI 17025. Ainsi, l’utilisation de cette discipline sera particulièrement pertinente pour des corps examinés dans un délai allant de 4 jours à 8 mois environ. Au-delà l’interprétation des données deviendra particulièrement difficile dès l’apparition de la seconde période de froid (2nd hiver).

Le principe, bien connu, repose sur une relation trophique entre le corps et les espèces, ces dernières se succédant par vagues et dans un ordre précis tout au long des différentes étapes de la décomposition. Ainsi, il est nécessaire de faire une distinction entre la date de ponte des insectes sur un corps et la date de décès d’un individu. La première est issue d’un calcul mathématique à partir de données environnementales mais aussi météorologiques (température, hygrométrie, vent). Le second correspond à une estimation basée sur un ensemble d’éléments techniques et d’investigations. Aussi, dans la majorité des cas, l’entomologie légale sera en mesure de déterminer une date minimale de décès (IPM minimal) à laquelle peut être associée une antériorité.

On parle alors d’un résultat en demi-droite. Si l’entomologie est pertinente en milieu aérien, le modèle ne peut être étendu en tant que tel en milieu aquatique.

Cependant, malgré l’absence d’outil de datation du décès sur un corps retrouvé immergé, il existe la possibilité d’estimer la période minimale de submersion en eau douce superficielle. Si en milieu aérien, la présence des insectes est directement liée au processus de décomposition de la victime, les choses sont plus nuancées pour la faune retrouvée sur un corps immergé. En effet, cette dernière ne se limite plus aux insectes mais comprend un certain nombre de macro-invertébrés aquatiques au régime alimentaire varié. Le corps constitue alors un habitat, source de nourriture pour certains ou lieu de vie pour d’autres. Ainsi, un corps immergé dans l’eau douce réagit et même interagit avec son environnement. Dans un plan d’eau, ou un cours d’eau, tout élément immergé constitue un support au dépôt sédimentaire. Ce dernier permet le développement d’algues créant ainsi un micro-habitat susceptible d’attirer diverses espèces d’invertébrés aquatiques. Le développement de tout ou partie de ce micro-environnement créé par la présence de corps, permet une estimation du délai minimal de submersion. La présence d’espèces bio indicatrices dont la biologie et le développement sont connus, est particulièrement recherchée.

Ainsi, l’information brute ne permettra pas de donner une date de décès mais une indication de temps de présence minimale du cadavre dans l’eau qui pourra éventuellement être complété par une analyse entomologique pour la phase d’émersion du corps. Par extension, ce processus peut être applicable aux objets dans certaines conditions.

L’information spatio-temporelle

Le diagnostic de la noyade vitale en eau douce, se base sur la présence dans différents organes de micro-algues appelées diatomées. Lors de la noyade, l’eau inonde l’arbre respiratoire et les derniers battements de cœur diffusent les diatomées, via la circulation sanguine, dans les organes. La simple présence de ces algues dans l’organisme d’une victime peut suffire pour conclure à une noyade vitale en eau douce. Ainsi, l’explication d’une action permet de mieux comprendre l’environnement et les circonstances de l’affaire. En effet, il est différent pour un enquêteur de retrouver dans un cours d’eau un corps victime d’une noyade vitale ou d’une autre action létale.

Parallèlement, les diatomées apportent une information sur la cohérence du milieu de découverte de la victime. En effet, la présence de micro-algues dans les organes exclut, sauf exception, les milieux particuliers tels que les piscines ou l’eau courante domestique par exemple. De ce fait, cet élément peut donner une nouvelle l’orientation à l’enquête.

Cependant, si la problématique de l’eau douce est globalement maîtrisée, le milieu marin comporte encore beaucoup de particularités et d’inconnues. Seule l’analyse du taux de strontium (élément chimique naturellement présent dans l’eau de mer à des concentrations plus élevées que dans le corps humain) permet d’apporter un élément de réponse sur le diagnostic de la noyade. Les diatomées marines ne sont pas, à l’heure actuelle, informatives au même titre que leurs homologues d’eau douce mais de nouveaux bio-indicateurs prometteurs restent à l'étude.

Quant à l’entomologie légale, elle peut également apporter sa plus-value à la question du mode opératoire. En effet, une incohérence entre l’entomofaune prélevée et un état d’altération avancée du cadavre peut caractériser une manipulation post mortem. Cela se traduit par une distinction entre le lieu de découverte du corps et le site (inconnu) où le processus de décomposition a débuté.

La biologie moléculaire est une autre discipline qui peut être un élément contributif de la bonne compréhension de la scène d’infraction. En effet, l’identification moléculaire des espèces animales apporte très souvent une nouvelle orientation à l’enquête. Grâce à des traces d’origines animales tels que les phanères (poils, plumes), le sang, les tissus mous (peau, muscles, organes), il est possible de déterminer l’espèce d’origine. Le champ des possibilités est alors très varié et cette discipline s’inscrit dans un contexte d’enquête très vaste tel que le trafic d’espèces, les problèmes de braconnage, les aspects sanitaires, les accidents, les fraudes, le vol, les sévices… L’identification moléculaire des espèces permet donc au travers de l’origine de l’espèce, de qualifier une infraction et de rechercher des responsabilités. Dans les cas les plus complexes, elle permet d’établir un lien entre différents lieux et/ou différentes personnes par l’intermédiaire d’un animal.

Le traitement de l’indice naturel est en pleine expansion depuis quelques années. Nombre de laboratoires de criminalistiques les intègrent au sein d’une même structure afin de les traiter dans leur globalité et non individuellement.

Cette tendance se confirme par la création au niveau européen en 2012 du working group Animal Plant Soil and Traces de l’ENFSI qui a pour vocation de développer ces disciplines par l’échange de données et l’organisation des premiers essais inter-laboratoires. L’indice d’origine naturelle a toute sa place dans la chaîne criminalistique. Il peut y constituer un élément de preuve corroborative, c’est-à-dire intégrer le faisceau d’indices qui va permettre de comprendre une situation, une scène, de déterminer des modes opératoires et par voie de fait permettre la recherche d’un auteur.

Présentations et travaux du département FFF.pdf (86,1 kB)

Ces contenus peuvent vous intéresser

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77