Vallée de la Maurienne : les gendarmes mobilisés pour sécuriser les chantiers de la ligne ferroviaire grande vitesse Lyon-Turin

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 17 juin 2023
Au premier plan, à droite, un gendarme mobile vu de dos, portant un bouclier. A gauche, l'avant de deux Irisbus et plusieurs gendarmes mobiles. Face à eux, sur la route, laquelle est jonchée de pierres et autres projectiles, un groupe de manifestants radicaux.
© Gendarmerie nationale

Près de 2 000 membres des forces de sécurité intérieure - essentiellement des gendarmes , sont mobilisés ce week-end dans la vallée de la Maurienne, en Savoie, pour prévenir les troubles à l’ordre public et les atteintes aux personnes et aux biens à l’occasion de la manifestation organisée malgré l’interdiction de la préfecture de Savoie. Ce samedi 17 juin, celle-ci a rassemblé près de 3 000 opposants au projet de ligne ferroviaire grande vitesse entre Lyon et Turin, parmi lesquels 300 à 400 individus radicaux, à l’origine de heurts avec les forces de l’ordre.

Ce week-end des 17 et 18 juin 2023, le mouvement de contestation visant le projet de ligne TGV entre Lyon et Turin a franchi un cap, avec, pour la première fois, un appel à une mobilisation d’ampleur, à caractère international, lancé par plusieurs associations et collectifs, dont certains présents notamment sur les manifestations contre les méga-bassines à Sainte-Soline, laissant craindre de potentiels débordements, comme des actions brutales à l’encontre des forces de l’ordre ou des tentatives de dégradation visant les sites de construction ou encore les représentations de l’État.

Entre 300 et 400 militants radicaux

Au regard de ce contexte sensible, le préfet de Savoie, François Ravier a émis en fin de semaine plusieurs arrêtés interdisant toute manifestation sur le territoire de neuf communes de la vallée. Malgré cela, près de 2 000 opposants ont convergé dès vendredi soir vers un camp de base situé en dehors de la zone d’interdiction. Samedi 17 juin, en début d’après-midi, les autorités dénombraient près de 3 000 manifestants, dont 300 à 400 militants radicaux, venus de toute l’Europe, et notamment de l’Italie voisine.

Afin de faire respecter l’état de droit, et dans un souci de protéger les personnes et les biens, tout en garantissant la liberté d’expression des opposants, la gendarmerie a déployé un dispositif adapté et renforcé, mobilisant l’ensemble de ses composantes, dont les hélicoptères de la gendarmerie. Au plus fort de la manifestation, près de 2 000 gendarmes et policiers, dont dix escadrons de gendarmerie mobile, et des moyens spécialisés, ont ainsi été engagés dans la vallée de la Maurienne, frontalière de l'Italie, pour assurer la sécurité et l’ordre publics dans cette zone encaissée, s’étalant sur près de 35 kilomètres.

Trois bouteilles de gaz, des casques et lunettes, des couteaux, marteaux, poings américains posés sur le sol d'un hangar.
© Gendarmerie nationale

En amont de la manifestation, les contrôles aux frontières italienne et suisse ont été accentués, de même que sur les axes routiers, permettant d’écarter une cinquantaine de personnes interdites administrativement du territoire français (107 interdictions administratives de territoire – IAT - ayant été émises à l’encontre d’individus connus pour troubles à l’ordre public). En fin de matinée, les nombreuses opérations de contrôle aux abords de la manifestation interdite avaient par ailleurs permis de procéder à la mise à l’écart d’une centaine d’armes, d’objets contondants et d’artifices.

Jets de projectiles et de mortiers contre les forces de l’ordre

Le cortège de manifestants s’est élancé dès 12 h 30, en dehors de la zone d’interdiction, en direction de Saint-Jean-de-Maurienne et du chantier ferroviaire. Les manifestants ont progressé jusqu’à buter sur le dispositif mis en place par les forces de l’ordre, sur la départementale 1006, à l’entrée d’un pont enjambant l’Arc (commune de La Chapelle). Ils ont alors entrepris de négocier un itinéraire complémentaire avec l’Équipe de liaison et d’information (ELI) placée aux côtés des escadrons de gendarmerie mobile. Les gendarmes départementaux qui la composent, chargés de maintenir le contact et de dialoguer avec les manifestants, ont ainsi fait le lien avec le préfet de Savoie.

Deux gendarmes de l'équipe de liaison information sont sur une route jonchée de projectiles. Derrière eux, quatre gendarmes mobiles.
© Gendarmerie nationale

Après de longs échanges et des propositions qui ne leur ont pas donné satisfaction, ne les autorisant pas à poursuivre sur l’axe souhaité, les manifestants ont rompu les négociations et commencé à progresser en direction des gendarmes mobiles. Vers 15 heures, la situation a commencé à se tendre, tandis qu’un black block d’individus encagoulés, équipés et armés se formait en tête de cortège, donnant lieu à de premiers jets de projectiles en tous genres en direction des militaires. Ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes de prise à partie, et malgré les sommations répétées, que les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogène pour tenir les manifestants hostiles à distance, lesquels ont poursuivi leurs jets de projectiles, notamment des tirs de mortiers.

Un groupe de manifestants radicaux, masqués et casqués, portant des pancartes et des parapluies noirs.
© Gendarmerie nationale

Vers 15 h 30, tandis qu’une partie des manifestants rebroussait chemin vers le camp de base, les opposants les plus déterminés à rejoindre le site de construction ont envahi la voie ferrée, où le trafic ferroviaire avait été totalement interrompu dès 13 heures dans la vallée de la Maurienne, au regard de la présence de personnes sur ou à proximité des voies.

Les affrontements se sont ensuite poursuivis en dents de scie, alternant phases de tensions et phases d’apaisement. Peu après 17 heures, parvenus à traverser l’Arc à guet, une partie des manifestants a envahi l’A43, entraînant sa fermeture temporaire, avant d’être repoussés par l’intervention des gendarmes mobiles et de regagner la départementale 1006 en formant une chaîne humaine à travers la rivière.

Au premier plan, une douzaine d'Irisbus vus de dos, sur l'A43. Devant eux, sur toute la largeur de l'autoroute, des gendarmes mobiles s'avancent vers un groupe de manifestants radicaux.
© Gendarmerie nationale

Vers 18 heures, le calme est revenu, permettant aux gendarmes mobiles et aux sapeurs-pompiers de s’attacher à éteindre les feux et dégager les barricades sur les axes.

«  Nous restons prudents et mobilisés. Nous le serons toute la nuit »

À 18 h 30, dans un point presse, le préfet François Ravier s’est montré ferme : « Nous restons prudents et mobilisés. Nous le serons toute la nuit », avant de dresser un premier bilan de la journée, estimant que « la sécuritédes personnes et des biens, notre objectif principal, a été assurée. »

Après avoir évoqué le bilan des armes par destination et des personnes IAT écartées dans le cadre des contrôles effectués en divers points du territoire depuis la veille au soir, le préfet est revenu sur le déroulement de la journée, évoquant notamment le retour en Italie de cinq bus contrôlés à la frontière au niveau du Fréjus. Il a également indiqué la commission sporadique de dégradations au préjudice d’entreprises locales, particulièrement des stations service et des stations de lavage, ainsi que de multiples départs de feu suspects, insistant toutefois sur le caractère encore provisoire de ce bilan.

Un groupe de gendarmes mobiles en train de dégager les barricades sur la route.
© Gendarmerie nationale

Au terme de cette journée, la gendarmerie déplore 13 blessés légers dans ses rangs. Le préfet a par ailleurs annoncé un blessé léger parmi les manifestants, lequel a été « pris en charge par les services publics ». François Ravier n’a pas manqué de saluer également la présence, le travail et l’engagement du SDIS et du SAMU.

Ce soir, les gendarmes restent mobilisés. Ils s’apprêtent à maintenir un dispositif de contrôle de zone jusqu’à demain et à poursuivre les actions de sécurisation des axes routiers, pour faire face à une une nouvelle journée de mobilisation.

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