Coupe du Monde de rugby : des gendarmes départementaux en patrouille dans Bordeaux (3/3)
- Par le commandant Céline Morin
- Publié le 20 septembre 2023
Depuis le match d’ouverture de la Coupe du Monde de rugby, le 8 septembre dernier, et jusqu’à la fin des phases de poules, le 1er octobre prochain, les gendarmes départementaux de Gironde, d’active et de réserve, sont chargés d’assurer la sécurisation de la gare de Bordeaux-Saint-Jean, la liaison de tramway entre la gare et le quai Saint-Michel et, enfin, la sécurisation du village rugby.
Si les Girondins sont habitués à voir des gendarmes départementaux sur les lignes de TER reliant par exemple Bordeaux au bassin d’Arcachon, les Bordelais n’en avaient quant à eux jamais croisés sur leur ligne de tramway, ni en patrouille dans la gare principale de la ville, ou encore dans le centre-ville. C’est pourtant le cas depuis le 8 septembre dernier. Un décloisonnement entre la gendarmerie et la police que le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a souhaité mettre en place à l’occasion de cette 10e Coupe du Monde de rugby, dans la perspective des J.O. de Paris 2024.
À l’occasion de cet événement sportif d’ampleur internationale, la gendarmerie s’est vu confier une mission de sécurité générale, en appui de la Direction départementale de sécurité publique de la Gironde (DDSP33), dans un certain nombre de secteurs définis dans le cadre du plan zéro délinquance.
Outre le dispositif déployé par le Groupement tactique de gendarmerie (GTG), qui mobilise jusqu’à quatre Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) dans le centre-ville de Bordeaux, des Gendarmes départementaux (G.D.), d’active et de réserve, y patrouillent également pour la première fois.
Depuis le match d’ouverture et jusqu’à la fin des phases de poules, le 1er octobre prochain, ces derniers sont ainsi chargés d’assurer la sécurisation de la gare de Bordeaux-Saint-Jean, la liaison de tramway entre celle-ci et le quai Saint-Michel, où est implanté le village rugby abritant la fan zone, et, enfin, la sécurisation dudit village.
« Ce décloisonnement se traduit par un transfert de compétences au profit de la gendarmerie nationale sur un certain nombre de champs missionnels à l’occasion des jours de match dans le stade de Bordeaux, qui correspondent à l’ouverture de la fan zone, ainsi que la veille et le lendemain, avec un élargissement de la mission aux jours de match de l’équipe de France. Au total, nous allons travailler une quinzaine de jours en zone police. Nous sommes en sécurisation générale, c’est-à-dire que nous ne faisons pas de police judiciaire, mais nous remettons les contrevenants à la police nationale, explique chef d’escadron (CEN) Arthur Moulin, commandant la compagnie de Bouliac et chef du dispositif G.D. sur Bordeaux. Les jours de mise en œuvre du dispositif, l’officier, appuyé par une sous-officière faisant office de secrétaire, est présent de 10 heures à 2 heures du matin, d’abord au PC gare, « le temps d’envoyer les ordres de conduite pour le lendemain et gérer l’administratif », avant de basculer au P.C. interservices à l’ouverture de la fan zone.
Une présence quasi-permanente de gendarmes d’active et de réserve
Ces jours-là, les gendarmes assurent la sécurisation de la gare de 10 heures jusqu’à sa fermeture, entre minuit et 1 heure du matin, en fonction du dernier train : cinq réservistes sont déployés sur un premier créneau, de 10 heures à 17 heures, renforcés par cinq autres, de midi à 19 heures. Puis les gendarmes d’active prennent le relais : une première équipe de cinq militaires prend la relève de 17 heures à minuit, et une seconde, cette fois forte de dix personnels, est engagée de 19 heures jusqu’à la fin de la mission. « Même si l’ambiance est calme dans l’ensemble, nous avons fait le choix de mobiliser des personnels d’active en fin de journée, où les situations peuvent plus facilement s’échauffer sur fond d’alcoolisation, car ils sont plus affirmés en matière d’intervention professionnelle », précise l’officier.
Le dispositif mis en place à la gare a également pour mission de sécuriser les arrivées et les départs des délégations engagées dans la Coupe du Monde, ainsi que des autorités en transit dans ce cadre, comme le Prince de Galles, venu assister au match le 10 septembre. « Dès lors, je réarticule le dispositif, en plaçant un binôme dans le hall et le reste de l’effectif, soit généralement huit personnels, pour former une bulle de sécurité à l’arrivée du bus, sur les points hauts ainsi que sur le quai, en complément des effectifs de la SUGE », explique le CEN Moulin.
Dans le même temps, de midi à 2 heures du matin, dix militaires, répartis en plusieurs groupes, assurent une présence permanente sur les quais et dans les rames de tramway, entre la gare de Bordeaux-Saint-Jean et le quai Saint-Michel, soit un itinéraire couvrant quatre stations, plus une cinquième où se fait la jonction avec la police nationale. Là encore, aux dix réservistes qui assurent la mission jusqu’à 19 heures, succèdent dix militaires d’active. « Une mission dont nous avons l’habitude dans les TER, ce qui facilite notre action, d’autant que nous avons des anciens de la SUGE parmi nos réservistes. Il n’en reste pas moins que c’est une première sur la ligne de tramway, pour les usagers comme pour nous », confie le CEN Moulin.
Enfin, un troisième dispositif est mis en place dans le village rugby, où sont également présents les gendarmes mobiles, qui dédient un escadron à ce secteur. Une première équipe de 45 réservistes, commandée par un officier de réserve, est ainsi engagée de 13 heures à 20 heures, aux abords du village rugby ainsi qu’à l’intérieur, en complément de la sécurité privée, « afin de bien montrer la présence des forces de l’ordre, mais aussi d’être en capacité de renseigner le P.C. Un point d’attention particulier est apporté à la sécurisation de l’évacuation de la fan zone, qui se trouve entre la Garonne et les voies de circulation. La manœuvre se fait en lien avec la police nationale et avec l’appui de la G.M. C’est aussi pour cela qu'en seconde partie de journée, nous engageons des gendarmes d'active. Nous avons également cinq militaires du PSIG (Peloton de surveillance et d’intervention) Sabre, équipés de HKG36, en mesure de neutraliser une action terroriste. »
Un effet marqué sur la délinquance
« C’est un beau challenge que de mettre en place un tel dispositif et de le suivre en étant sur le terrain, d’autant plus s’agissant de quelque chose d’aussi inédit. C’est une belle manœuvre, où nous sommes en autonomie en termes opérationnels. Et l’on peut souligner l’engagement et le sérieux des personnels, et notamment des réservistes, dans le dispositif. Le contact est facile, agréable, avec la population. Ils orientent les gens, les rassurent. Nous avons un bon retour », confie le CEN Moulin, qui s’est lui-même porté volontaire pour cette mission à la tête de gendarmes d’active et de réserve venant de tout le groupement de gendarmerie départementale de la Gironde (chaque compagnie ayant fourni des personnels, NDLR), avec un système de rotation permettant d’éviter la problématique de l’hébergement.
Et de constater avec satisfaction que : « notre présence quasi-constante a vraiment un effet marqué sur la délinquance et sur les actes d’incivilité. »
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