Une mission civile au cœur du Sahel
- Par le chef d'escadron Sophie Bernard
- Publié le 18 septembre 2023
Dans le cadre de sa politique de sécurité et de défense commune, l’Union européenne a lancé, en 2012, une mission civile intitulée « EUCAP Sahel Niger », avec pour objectif de renforcer le secteur de la sécurité intérieure au Niger et ses capacités dans la lutte contre les menaces sécuritaires majeures. Depuis son installation, le soutien apporté par cette Mission s’est traduit par une diversité de programmes et d’activités, suspendus après le coup d’État du 26 juillet 2023.
Véritable carrefour du Sahel, le Niger se trouve confronté à trois menaces principales : le terrorisme, la criminalité organisée transfrontalière et la migration irrégulière. Dans leur recherche de retour en sécurité intérieure, les forces armées nigériennes (police, gendarmerie et garde nationales) ont pu s’appuyer, depuis 2012, sur leurs partenaires européens, dans le cadre de la mission Eucap Sahel Niger, dont les activités ont été suspendues à la suite du coup d’État survenu dans le pays en juillet 2023. Retour sur les actions conduites jusqu’alors dans le cadre de cette mission européenne.
EUCAP Sahel : les capacités européennes au service du Niger
Dans le cadre de sa politique de sécurité et de défense commune, l’Union européenne a lancé, il y a plus de dix ans, une mission civile intitulée « EUCAP Sahel Niger ». Installée à Niamey, avec une antenne à Agadez, EUCAP a depuis lors accompagné les Forces de sécurité intérieure (FSI) dans la mise en œuvre de leur propre stratégie nationale de sécurité intérieure.
« Pour ce 6e mandat (2022-2024), un budget de 72 millions d’euros a été alloué. Une somme qui peut sembler conséquente, mais qui répond à la diversité des missions d’EUCAP. Nous effectuons notamment du conseil stratégique auprès des ministères, des forces et des acteurs de la société civile, avec le souci de capter les besoins réels des Nigériens et de recueillir leur adhésion aux projets. En lien avec les écoles des FSI, nous proposons de la formation afin d’apporter certaines technicités en police technique et scientifique, anti-terrorisme, droits humains et égalité de genre, etc. Toujours en matière de ressources humaines, nous les appuyons également dans le cadre du recrutement ; les FSI ayant prévu de doubler leurs effectifs dans les cinq ans à venir », présentait, en février 2023, le colonel Henri Gomez, alors chef des opérations de la Mission.
Pour mener à bien ces missions, EUCAP Sahel Niger comptait, jusqu’en juillet 2023, 130 experts internationaux, dont une soixantaine de Français, parmi lesquels des gendarmes d’active et de réserve dotés déjà d’une riche expérience à l’international. « L’expérience au sein d’EUCAP est très enrichissante, car nous apprenons à travailler avec des nationalités et des corps différents. C’est la synthèse de nos compétences qui fait la force », a pu apprécier le colonel Philippe Musset, alors chef de l’unité Conseils stratégiques au sein de la Mission.
Parmi les projets structurants portés par EUCAP se trouvent les forces mobiles créées et déployées à travers le pays depuis quatre ans. « Après avoir soutenu la mise en place de centres opérationnels régionaux pour la gestion de crise au sein des huit régions du Niger, nous avons développé le concept de forces mobiles. Six unités de ce type ont déjà été équipées, formées et installées, et six autres devraient bientôt voir le jour, afin de parvenir à une répartition équilibrée entre les trois forces de sécurité intérieure nigériennes, avec quatre unités par force. Adaptées aux exigences du terrain, ces unités de sécurité mobiles et autonomes sont capables de couvrir de grandes étendues du territoire, tout en répondant aux besoins de sécurité de la population locale, s’est félicité le colonel Gomez, parvenu à ce résultat non sans difficulté. C’est parfois compliqué de faire progresser certaines idées sans qu’il y ait un sentiment d’ingérence ou un choc des cultures. Cela nécessite de bâtir un lien de confiance. Nous insistons aussi sur le volet sécurité publique, en rappelant que les forces ne sont pas que répressives. Elles doivent aller au contact de la population, qui ne fait pas toujours la différence entre les forces de sécurité et des terroristes traversant la zone en pick-up. D’ailleurs, notre prochain défi est de développer l’approche civile de la lutte contre le terrorisme. L’idée est de mettre les FSI au centre du dispositif de lutte contre le terrorisme. »
L’appui d’EUCAP Sahel a donc ainsi dépassé l’angle sécuritaire, afin d’apporter des solutions durables au Niger. En ce sens, les experts ont également été appuyés par des officiers coopérants.
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