Formation des futurs prévôts : un stage sous le signe de la militarité

  • Par le capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 18 septembre 2023
A droite, de dos , un gendarme en treillis arborant sur son bras gauche l'écusson de la F2NRBC de la gendarmerie nationale. Face à lui, flou, 7 militaires en treillis debout l'écoutent attentivement
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

Sur les théâtres d’opérations extérieures, les prévôts sont les seuls gendarmes français à plusieurs milliers de kilomètres à la ronde. Il est donc primordial qu’ils disposent de l’ensemble des savoir-faire indispensables à la réalisation de leur mission. Ainsi, avant de partir, tous passent par le camp de Beynes, où, durant deux semaines, ils vont suivre une formation préparatoire, garantissant leur employabilité immédiate.

Par un temps mitigé, des groupes d’une dizaine de gendarmes en treillis arpentent les routes du camp de Beynes (Yvelines), d’atelier en atelier. Malgré quelques rires, ils restent concentrés. Tous participent en effet à la restitution des connaissances acquises durant les deux semaines qui viennent de s’écouler. Ce rallye signe la fin de la formation du prévôt et, dans quelques heures, la centaine de gendarmes présente se verra remettre le brassard caractéristique de la gendarmerie prévôtale. Dans quelques semaines, c’est désormais sur les théâtres d’opérations extérieures, aux côtés des forces armées, qu’ils exerceront leur mission de police judiciaire militaire.

Une mission qui, loin d’être nouvelle, est profondément ancrée dans l’histoire de la gendarmerie nationale. Il y a plus de huit siècles en effet, l’exercice de la justice auprès des « gens de guerre » était délégué aux prévôts par le Roi de France. Cette mission a traversé les siècles. Aujourd’hui encore, à travers deux stages, le Commandement de la gendarmerie prévôtale (CGP) forme chaque année 200 gendarmes à l’exercice de la police judiciaire militaire, à laquelle sont venues s’ajouter d’autres missions au profit des armées.

La prévôté constitue la racine militaire de la Gendarmerie nationale. Elle est née aux côtés des Armées pour l’exercice de la Justice et le respect du Droit. (Général Haas)

Une formation placée sous le signe de la militarité

La formation préparatoire des prévôts a pour objectif de les aguerrir à l’engagement dans les opérations militaires extérieures et de leur permettre d’être pleinement intégrés aux dispositifs militaires au sein desquels ils seront projetés, en ayant une bonne compréhension de la culture et du mode de fonctionnement des armées. Un aspect essentiel que souligne le général Laurent Haas, à la tête du CGP. « L’objectifdustageest de les acculturer aux milieux d’emploi et auxconditionsdeleursmissions.Surlesthéâtresd’opérationsextérieures,auseindesconvoisnotamment, le prévôt est susceptible de prendrepartaucombatcommelesautresmilitaires,ildoitdoncdisposerdesmêmescompétencesdebase.» Rigueur, engagement physique, emploi de l’arme au combat, dépassement de soi et rusticité sont au programme. Durant quinze jours, les futurs prévôts sont immergés dans leur futur cadre d’emploi. La tenue, les enseignements, les exercices, rien n’est laissé au hasard. La formation est « dense, mais intéressante et très enrichissante », comme le rapportent plusieurs stagiaires, mais elle est surtout indispensable. Outre les aspects techniques de la mission, les prévôts sont également les conseillers des différentes autorités militaires et l’interface entre ces dernières et les forces de sécurité intérieure et la Justice locales. Renforcer le savoir-faire et le savoir-être militaires est par conséquent primordial.

Au premier plan à gauche, un gendarme en tenue de combat pointant son famas en direction de l'avant-droite. A trois mètres de lui à sa gauche, un instructeur en treillis, tenant un FAMAS dans la maint droite le long de son corps, l'invective. En arrière-plan, de droite à gauche, les batîments en béton de Beynes, un camion banc en cours de déchargement, d'autres militaires et quelques vehicules stationnés
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

L’adaptation des savoir-faire

La particularité des théâtres d’opérations extérieures nécessite une adaptation des savoir-faire du gendarme. « Pour ce qui concernelapolicejudiciaire,parexemple,lesprévôts doivent aborder la matière de manière différente, explique le général Haas. C’est parfoisdifficilepourcesgendarmes,àquionainculqué un cadre, des process… Mais on ne faitpas des actes de Police technique et scientifique(PTS)surlesolnational,commeonlefaitsurun théâtre d’opérations extérieures. Là, on estenmodedégradé,ilfautadaptersesmodes d’action, savoir agir dans l’urgence, parfoissouslefeu,etsouventavecpeudematériel.» C’est pourquoi, dès les premiers jours de formation, les futurs prévôts, pourtant tous Officiers de police judiciaire (OPJ), reçoivent une instruction sur les infractions militaires, l’exercice de la police judiciaire militaire et la politique pénale y afférant, ainsi que sur les méthodes d’exercice de la PTS en ambiance dégradée. L’adaptation est également nécessaire du côté du maniement des armes. La formation des prévôts accorde en effet une large part à l’emploi de l’armement. Tir au Famas à toutes distances, tir au pistolet automatique, transition d’armes… Tout y passe ! Et sur ce point, les instructeurs ne transigent pas. Et pour cause ! Il en va de leur sécurité et de celles des militaires qu’ils accompagneront. « L’apprentissagedeladisciplineaufeuestunenjeudesurvieetd’efficacité», tient à préciser le général. Sur un théâtre de guerre, le cadre d’usage des armes diffère également de celui applicable sur le sol national, conséquence directe du Droit des conflits armés et de l’adaptation à l’adversaire. La formation, à laquelle contribue un instructeur du Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB), est d’ailleurs sanctionnée par un certificat de l’armée de Terre en matière de combat.

De droite à gauche, 4 gendarmes en treillis allongés au sol, équipés pour le tir (casque et lunettes), s'entrainent au tir au FAMAS en position allongée. La gendarme au centre prend une visée, son FAMAS sur bipieds
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

Des enseignements spécifiques à l’emploi

D’autres enseignements sont spécifiques aux fonctions qui attendent les prévôts. C’est le cas, notamment, de l’instruction sur les affaires mortuaires, qui permet aux futurs prévôts de maîtriser la procédure à suivre après le décès d’un militaire, ou encore de celle d’escorte d’autorité, dispensée par des membres de la Force sécurité protection (FSP) du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Les stagiaires se voient également présenter le matériel et les différentes procédures radio, qui deviendront leur quotidien d’ici quelques mois. « Sur le terrain, il est important de pouvoir bien communiquer avec les forces en présence. Les prévôtsdoiventsuivrelamême procédurequecelleadoptéeparlesarmées,afin de comprendre et se faire comprendre », indique le général Haas. Enfin, tout un module spécifique aux engins explosifs improvisés les attend. Dans le contexte de guerres asymétriques, les prévôts peuvent en effet être confrontés à ce type d’armes. Alors, après la théorie, place à la pratique : identification, conduites à tenir, mise en place d’un bouclage… Tout est joué au plus proche du réel, pour que les gendarmes acquièrent les actes réflexes. Au final, pas à pas, quelle que soit la matière, les futurs prévôts progressent, sous l’œil attentif et bienveillant de leurs formateurs. « Le maître-motdelaformationestlapédagogie», confie en conclusion le général Haas.

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