Des prévôts avec l’armée française en Roumanie
- Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
- Publié le 14 septembre 2023
Les gendarmes de la prévôté sont déployés auprès des forces armées françaises engagées en opérations extérieures ou présentes à l’étranger. À ce jour, quinze détachements prévôtaux sont projetés autour du globe, dont un en Roumanie.
Faisant suite à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, la mission Aigle contribue au renforcement de la posture dissuasive de l’Organisation traité de l’Atlantique nord (OTAN) en Roumanie. La France est la nation-cadre du bataillon multinational, dont le dispositif est renforcé par des contingents belge et néerlandais. Comme pour chaque Opération extérieure (OPEX), les forces armées bénéficient de l’appui d’un détachement prévôtal.
Du 22 octobre 2022 à la mi-mars 2023, cinq prévôts assurent cette mission à partir de l’une des deux bases où ils sont installés. Le lieutenant-colonel Nicolas Montagne, chef du détachement, a sous ses ordres une Brigade prévôtale (B.P.). Il est aussi le Conseiller gendarmerie (CONSGEND). « Mon rôle est celui de conseiller auprès de plusieurs autorités : le représentant du chef d’état-major des armées, le chef de Battle group, et celui de l’Échelon de soutien national (ESN). Dans mon domaine de compétence, je suis également un interlocuteur du poste diplomatique, ainsi que des autorités judiciaires, policières et militaires roumaines. » L’éclairage que l’officier apporte au commandant de la Force concerne les domaines de la sécurité et de la prévention sur le camp ainsi que le traitement des affaires judiciarisées. C’est également lui qui l’informe d’éventuelles difficultés ou précautions à prendre quand des manœuvres sont organisées à l’extérieur des camps. Enfin, il assure au quotidien, avec ses prévôts, le lien avec les forces de sécurité intérieure locales et les policiers militaires des contingents étrangers.
Initialement implanté sur l’aéroport militaire Mihail Kogălniceanu (MKAB), près de Constanța, son détachement dispose également d’installations dans un camp d’entraînement de l’armée roumaine, 650 kilomètres plus au Nord, au cœur des Carpates. C’est là que, grâce au travail des militaires du Génie et du Train, s’agrègent peu à peu les installations des forces françaises. Ce camp, dit « Cherry Hill », accueille également les soldats néerlandais et leur maréchaussée. L’hiver y est rude, brumeux et les nuits fraîches.
Une équipe complémentaire
Au cours de ce mandat hivernal, sous l’autorité du chef de détachement, quatre sous-officiers expérimentés composent la B.P. Bien que tous issus de la gendarmerie départementale, ils présentent des profils différents : le major Patrick, commandant de l’unité, est chef de deux brigades territoriales en France ; le major Edmond est à la tête d’une brigade de gendarmerie de l’Air ; l’adjudant François est issu d’une section de recherches et, enfin, l’adjudant Chady est affecté en Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG). Chacun a des qualités et des compétences spécifiques et complémentaires, particulièrement utiles pour mener à bien le large panel de missions qui leur incombent pendant ces quatre mois. L’adjudant Chady a, par exemple, dispensé des instructions en intervention professionnelle à des militaires de la Force. L’adjudant François s’est chargé d’une formation sur la mise en place d’un gel des lieux et les actes réflexes sur une scène d’infraction. Tous ont déjà suivi les forces en opérations extérieures et ont une connaissance fine de l’environnement militaire. De ce fait, l’équipe qu’ils constituent est très bien intégrée et apporte une plus-value appréciée dans ce contexte particulier.
À partir de Cherry Hill, les prévôts accomplissent l’ensemble de leurs missions à travers tout le pays. « Nous sommes quotidiennement au contact des autres militaires de la Force », explique le major Patrick. Au gré des missions qui se succèdent, il mène sa brigade de manière pragmatique et efficace. Le tableau mensuel d’organisation générale du service peut, chaque jour, être bouleversé par des imprévus. Le major et ses hommes travaillent par binôme et par roulement entre les différentes emprises où stationnent les militaires français. L’éloignement entre les bases leur demande d’être particulièrement mobiles. Ils sillonnent ainsi les routes sinueuses de ce pays de contrastes.
En mission au pays de l’aigle
Les prévôts, joignables même au cours des déplacements via un téléphone de permanence, sont disponibles en 7/7 et 24/24 pour les forces françaises, qu’il s’agisse de traiter des dépôts de plainte, des accidents du travail ou de la circulation, ou encore des contentieux avec des tiers ou autres. Le pays n’étant pas en guerre et la Roumanie étant un État souverain, qui plus est État membre de l’U.E., leurs prérogatives résultent d’accords diplomatiques spécifiques. Les affaires judiciaires en dehors de la base sont donc traitées en étroite collaboration avec la police et la justice militaires roumaines. Les quatre gradés traitent des procédures de toutes sortes, pour lesquelles ils rendent compte à la section « affaires militaires » du Parquet de Paris.
Les prévôts contribuent aussi aux opérations d’arrivée et de départ des militaires français sur les bases aériennes. « Aux côtés du Service de santé des armées, de la chancellerie et de nombreux autres services, nous contribuons ainsi à l’« in processing » des arrivants, par des présentations, des rappels de sécurité, ce qui nous permet aussi, bien entendu, de nous faire identifier par les nouveaux venus », précise le chef de la B.P.
Enquêtes diverses, patrouilles, contrôle des sacs et des caisses des militaires à l’arrivée et au départ des aéroports militaires, colisage des matériels sensibles, contacts avec les forces de sécurité intérieure locales rythment le quotidien de ces gendarmes à l’étranger. Le major Edmond aime à dire que le prévôt est un « couteau suisse ». Tous les cinq s’adaptent au terrain avec aisance. Régulièrement, ils retrouvent leurs homologues néerlandais et les MP’s américains pour des patrouilles sur le terrain et des exercices communs.
Parfaitement identifiés par l’ensemble des contributeurs de la mission Aigle, par les autorités judiciaires et la police locale, les cinq militaires au brassard de la prévôté sont les interlocuteurs privilégiés pour aplanir les difficultés. Les services qu’ils rendent dans ce domaine constituent un appui très apprécié. En mars 2023, au terme de leur mandat, ils sont retournés dans leurs foyers. Compte tenu des besoins liés à l’accroissement des effectifs militaires français en Roumanie, leurs successeurs ont été renforcés par un sixième prévôt, permettant au détachement prévôtal en place d’être présent en permanence aux côtés des armées sur deux emprises majeures.
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