Climat interne 2020 : connaître les attentes des personnels et y répondre (1/3)

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 05 mai 2021

Les résultats du sondage sur le climat interne ont été exposés à la 73e session du Conseil de la fonction militaire gendarmerie (CFMG), le 17 mars 2021, ainsi qu’à la chaîne de concertation. Ils permettent de connaître et de prendre en compte les préoccupations des personnels militaires de la gendarmerie. Nous en présentons ici une synthèse, qui sera complétée de deux articles : un focus sur le volet famille et un autre sur les principales réponses apportées à ces attentes par le programme M@GRH.

Prendre le pouls : tel est l’objectif de la mesure du climat interne, réalisée régulièrement au sein de la gendarmerie nationale. « Cela permet d’avoir une vision globale de l’institution et un avis objectif sur les préoccupations des personnels, explique la cheffe d’escadron (CEN) Sylvie Clément, sociologue et cheffe de la section sociologie démographie du Bureau de l’analyse et de l’anticipation (BAA). Connaître le moral des troupes, c’est une dimension qui a toujours été essentielle dans l’armée. »

10 000 personnels militaires en activité ont été tirés au sort en septembre 2020, et 47 % d’entre eux ont répondu au questionnaire. « Statistiquement, il n’est pas nécessaire d’interroger les 100 000 personnels pour avoir une bonne représentation de la gendarmerie, explique Marie Carrère, démographe au BAA. Nous avons ensuite effectué un redressement, après réception des réponses, car certaines catégories, comme les gendarmes mobiles et les GAV, ont moins tendance à répondre, par manque d’accès à un poste informatique. »

L’équilibre vie privée-vie professionnelle, préoccupation structurante

Le sondage porte sur les conditions d’exercice du métier, les conditions de vie et l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Il en ressort que les trois quarts des personnels (75 %) ont plutôt bon moral. C’est un peu moins qu’en 2017 (81 %), ce qui reflète l’impact de la crise sanitaire et la dégradation des relations avec une partie de la population, ressentie par les personnels, notamment depuis la crise des Gilets Jaunes. « Il y a un effet de contexte propre à n’importe quel sondage », confirme Sylvie Clément. En 2014, le moral était à un niveau sensiblement similaire à celui de cette année (77 %).

L’équilibre vie privée-vie professionnelle, préoccupation structurante pour les personnels, constitue leur principale attente (53 %), suivie par l’évolution de carrière (45 %), puis les relations de travail. « L’articulation travail-famille est une aspiration de la société dans son ensemble, considère la CEN Clément, et c’est particulièrement vrai pour les gendarmes, qui exercent un métier avec de nombreuses spécificités, avec des horaires atypiques. »

« On constate toutefois des différences de préoccupations suivant les corps et les affectations », note Marie Carrère. Les GAV et les SOCSTAGN s’intéressent davantage aux évolutions de carrière. Les officiers sont attentifs à l’emploi occupé et aux responsabilités exercées. Les sous-officiers de gendarmerie citent plus fréquemment la conciliation vie privée-vie professionnelle.

Les effets contrastés de la crise sanitaire

Un autre sondage s’adressait spécifiquement aux Commandants de formation administrative (CFA). Ces deux questionnaires indépendants laissent clairement apparaître que les CFA avaient une bonne connaissance préalable des préoccupations formulées par les gendarmes.

« Il est très intéressant de voir comment les attentes du gendarme et le regard que porte son chef s’imbriquent, estime la cheffe d’escadron Clément. Les CFA ont ainsi noté que la crise sanitaire avait eu des effets contrastés sur le moral, tant positifs que négatifs. Elle a été globalement perçue comme un événement mobilisateur, au cours duquel les gendarmes se sont sentis utiles au service de la population. Cependant, dans ce climat anxiogène, les CFA ont soulevé un certain nombre d’effets (fatigue, arrêt des moments de cohésion, dégradation de la formation…) qui impactent l’institution, à la fois d’un point de vue structurel, organisationnel et identitaire. »

Dans ce contexte particulier, 85 % des personnels se disent satisfaits d’exercer en gendarmerie, soit passionnés (29 %), soit intéressés (56 %) par leur travail, et les CFA se déclarent fiers d’appartenir à une institution qui s’est révélée résiliente.

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