"Quand le discours politique plaide pour la dignité humaine, le pire qu’il puisse lui arriver est d’entrer dans l’Histoire. Les personnalités à l’origine de ces allocutions ont défendu une certaine idée de la société et se sont introduits, parfois par effraction, dans les cœurs par la puissance de la raison. À l’heure de certaines remises en cause, de l’expression d’un scepticisme généralisé, la présente Note propose un voyage parmi les méandres de trois discours prononcés au XXe siècle et des personnalités qui les ont défendus, en vue d’en identifier les marqueurs essentiels.

« Lorsqu’une vie se consacre à la justice, et singulièrement à la justice pour les plus faibles, les plus exposés, les plus humiliés ; [...] et lorsque cette vie choisit de se construire sous l’égide de la République, c’est la France qui en est grandie.»   Les trois personnalités exposées à notre regard partagent cette relation presque intime aux valeurs de l’humanité et leur ouvre grand les portes de l’Histoire de notre pays. Ainsi, nous accueillerons l’appel d’Henri Grouès le 1^er février 1954, la prise de parole de Simone Jacob le 26 novembre 1974 à l’Assemblée nationale, puis le discours de Robert Badinter le 17 septembre 1981 devant les mêmes parlementaires.

La sociologie politique autorise une mise en perspective à l’aune du contexte dans lequel ces prises de paroles vont prendre forme (1), de la personnalité de ceux qui vont les porter, et, enfin, de la structuration du message qui les affirme. Nous pourrons ainsi observer de nombreux points communs, sortes de boussole indiquant le sens magnétique de l’Histoire. S’agissant d’une note de recherche, les présents développements se limitent à l’analyse de discours qui, nous en sommes convaincus, ont définitivement marqué la société française."

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