Historique des empreintes digitales

  • Par Contributeur 231372
  • Publié le 15 novembre 2016, mis à jour le 13 juin 2023

Longtemps utilisée comme moyen d’authentification de documents, parfois employée par les historiens ou les archéologues, l’empreinte digitale est devenue aujourd’hui une preuve scientifique incontournable dans la résolution d’affaires criminelles. Retour sur l'histoire de la plus ancienne des preuves scientifiques.

Un moyen d'authentification précoce

Bien avant d'être exploitées dans le cadre d'affaires judiciaires, les empreintes digitales servaient de moyen d'authentification de documents. Ainsi, dès l'ancienne Egypte (-3000), les scribes utilisaient leurs empreintes palmaires comme outil d'identification alors qu'en Chine, l’Empereur Ts-In-She (-246/-210) authentifiait certains scellés avec une trace digitale et des documents par l'apposition d’une main encrée. Les formes particulières de l'empreinte digitale étaient ainsi connues depuis longtemps et ont été retrouvées notamment dans des gravures situées à proximité du lac de Kejimkujik en Nouvelle Ecosse (date indéterminée).

Sceaux chinois

   

Des constatations aux études scientifiques

 Ce n'est pourtant qu'au 20ème siècle, sous l'impulsion de certains scientifiques, que les empreintes digitales sont étudiées. Elles sont alors classifiées et acquièrent leurs caractéristiques d'unicité et d'immuabilité.

     - Thomas Bewick (1753-1828), naturaliste britannique, utilise l'une de ses empreintes pour signer ses ouvrages.

Empreinte de Thomas Bewick

Signature de Thomas Bewick

    

     - William Herschel (1833-1917), administrateur britannique en poste en Inde, étudie les empreintes digitales et leur individualité et les emploie ensuite pour authentifier les contrats avec les indigènes (1858). Herschel,William. The origin of finger-printing. London. Oxford University Press, 1916. 41p.

Relevé effectué par William Herschel

     

     - Henry Faulds (1843-1930), médecin écossais, étudie les empreintes digitales après un séjour aux Indes. Il observe alors que ces dernières peuvent être classifiées en différents groupes mais que les détails des crêtes sont uniques. Il détermine également leur caractère immuable. Il transmet alors ses découvertes à Charles Darwin qui en informe son cousin, Francis Galton. FAULDS, Henry. Guide to fingerprint Identification. Tokyo. Hanley, 1905. 117p.

     - Francis Galton (1822-1911), anthropologue britannique, travaille sur la classification des empreintes digitales. GALTON, Francis. Fingerprint Directories. London. MacMillan anc Co, 1895. 141p.

     - Juan Vucetich (1855-1925), statisticien à l'office central de la police de La Plata (Argentine), y crée un bureau d'anthropométrie en 1891. S'intéressant aux travaux de Galton, il travaille alors à son propre système de classification. Ses travaux sur l'identification seront à la base de la première identification criminelle (cas Rojas - 1892).

   

A la résolution du 1er crime dans la monde

En 1892, un double infanticide a lieu à Necochea en Argentine. La mère des 2 victimes, Francisca Rojas, accuse son voisin de l'avoir assommée et d'avoir poignardé ses enfants. Ce dernier niant les faits, des constatations judiciaires sont réalisées au domicile des victimes. Deux traces digitales ensanglantées sont alors retrouvées dans l'encadrement d'une porte. L'inspecteur Alvarez, appliquant les principes de Juan Vucetich, compare alors les traces digitales avec les encrages de la mère des victimes. L'identification permet alors de conforter ses aveux, obtenus à l'époque, sous la pression des policiers.

Relevé décadactylaire de Francisca Rojas

     

A la résolution du 1er crime en France

En 1902, Alphonse Bertillon, le fondateur de l’anthropométrie moderne, est à l’origine de la première identification criminelle en France et en Europe, sur la seule base des empreintes digitales.

Le 16 octobre 1902, le corps de Joseph Reibel est découvert sans vie dans un appartement. Les policiers, dépêchés sur place, constatent également la disparition de certains objets et le bris d'une vitre. Des traces digitales sont alors retrouvées sur les morceaux de verre. Le dossier de comparaison, établi par Alphonse Bertillon, entre les traces relevées sur des morceaux de verre retrouvés sur les lieux du crime et les empreintes figurant sur la fiche anthropométrique de Henri Léon Scheffer, a alors permis de confondre l’auteur.

Verso de la fiche signalétique de Scheffer

      

Un nouveau moyen d'identification

Face à ce succès, les forces de police et de gendarmerie ont rapidement été sensibilisées à ce nouvel élément d’enquête irréfutable, facile à collecter et rapide à relever notamment à l’aide de poudres. Dès 1903, les empreintes sont recueillies sur fiches par la préfecture de police de Paris et effectuées de façon systématique pour tout malfaiteur à compter de 1938. Les techniques de révélation évoluent alors rapidement et l'arrivée de l'informatique aboutira, en 1987, à la création du Fichier Automatisé des Empreintes Digitales.

Prise d'empreintes

   

Décret n° 2015-1580 du 2 décembre 2015 modifiant le décret n° 87-249 du 8 avril 1987 relatif au fichier automatisé des empreintes digitales géré par le ministère de l'intérieur, [décret en ligne]. Consulté le 15 septembre 2016

     

Une évolution des standards numériques

Lors des premières identifications, 17 points concordants étaient nécessaires entre une trace de question (i.e. trace découverte sur une scène d'infraction) et une empreinte de comparaison obtenue par encrage.

Dossier de comparaison

    

En 1914, le docteur Edmond Locard (1877-1959), pionnier de la criminalistique moderne, introduit une règle tripartite dont l'approche  est à la fois qualitative et quantitative.  Ce guide pragmatique, toujours pertinent de nos jours, a longtemps été utilisé comme "règle des 12 points" par les experts en dactyloscopie. Locard, Edmond. Archives d'anthropologie criminelle, la preuve judiciaire par les empreintes digitales, 1914.

Edmond Locard

Edmond Locard

   

En 1995, , la France est signataire de la déclaration de Ne’urim (Israël) selon laquelle « Il n’existe aucune base scientifique pour exiger qu'un nombre minimal prédéterminé de minuties soit présent sur deux traces afin d’établir une identification positive ». C’est la fin du standard numérique en France.

    

L'empreinte digitale: une preuve toujours pertinente de nos jours

L’empreinte digitale est devenue aujourd’hui une preuve scientifique incontournable dans la résolution d’affaires criminelles. Malgré la modification du mode opératoire des délinquants, la doyenne des preuves scientifiques conserve toute sa pertinence. En 2016, le Fichier Automatisé des Empreintes Digitales compte près de 6 millions de personnes signalisées et environ 120000 traces papillaires (i.e. digitales ou palmaires) sont confrontées annuellement à cette base de données.

Département Empreintes Digitales (EDG)

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