L’ORFA : des techniques pour mieux appréhender les missions

  • Par la lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 16 avril 2025
un instructeur ORFA en train de dispenser une formation
© MI-DICOM Élizabeth Delelis

En gendarmerie, le maintien en condition opérationnelle est primordial. Cela passe par l’entretien d’une bonne condition physique, mais également psychologique. Pour accompagner les militaires, de nombreux dispositifs sont proposés au sein de l’Institution, parmi lesquels la méthode d’optimisation du potentiel développée par les armées.

Tout au long de leur carrière, les gendarmes de toutes les unités sont confrontés à des situations de stress intense qui mobilisent des ressources mentales et physiques considérables. Que ce soit au sein des unités départementales qui font face à la violence du quotidien, des unités d’intervention soumises à des situations de stress conséquentes ou des unités de gendarmerie spécialisées, l’entretien d’une condition physique et psychologique est un enjeu majeur pour leur permettre de poursuivre sereinement leur engagement. C’est dans ce cadre que, depuis plusieurs années, différentes techniques d’accompagnement sont développées au sein de la gendarmerie. Axées sur le sport et le suivi de la santé, elles se traduisent ainsi par la mise en place d’initiatives sportives au niveau local, comme à la direction générale de la gendarmerie, où les moniteurs EPMS (Entraînement Physique Militaire et Sportif) orientent les gendarmes dans leur pratique, par l’action du Service de santé des armées (SSA), dont les antennes médicales assurent le maillage territorial, ainsi que par le recours à l’Optimisation des ressources des forces armées (ORFA).

Dynamiser, réguler, récupérer

Lorsqu’on pense à l’ORFA, on imagine encore trop souvent des séances de relaxation, assis dans un fauteuil avec l’idée que cela se rapproche plus d’une bonne sieste que d’un véritable outil. Et pourtant, ce serait bien mal connaître cette discipline. Créée à la demande de l’armée de Terre dans les années 1990, sous le nom de TOPP (Techniques d’Optimisation du Potentiel Professionnel), puis de TOP (Techniques d’Optimisation du Potentiel), l’ORFA (nom donné en 2021) est une méthode de préparation mentale constituée d’un ensemble de stratégies. Sa mise en œuvre permet aux militaires qui l’utilisent de mobiliser ou de remobiliser au mieux leurs ressources physiques et psycho-cognitives afin de donner le meilleur d’eux-mêmes en fonction des exigences de la situation. L’ORFA peut être utilisée en amont, pendant et à l’issue de l’action militaire, avec pour objectifs respectifs dans chacune des phases, de se dynamiser, de se réguler, puis de récupérer.

En préparation d’une mission ou d’une opération, l’ORFA propose différentes techniques permettant d’anticiper l’ensemble des aspects de la manœuvre. Pour ce faire, elle s’appuie sur des principes de base tels que des exercices de respiration (pour réduire le niveau de stress), de relaxation (pour réactiver des événements positifs) et de visualisation mentale. Cette dernière technique est particulièrement employée, notamment par le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN). « Ce type d’outil était déjà utilisé chez les plongeurs, mais on l’appelait alors «mécanisation». Avant chaque immersion, on prenait le temps de visualiser l’ensemble de l’opération et toutes les tâches à effectuer. Il est arrivé une fois qu’on oublie de visualiser un point lors de la mécanisation, et bien juste après, lors de l’entraînement sous l’eau, on l’a aussi oublié », explique le major Christophe, un des deux instructeurs ORFA du GIGN, à l’origine, avec son camarade, du développement de la méthode au sein de cette unité d’élite de la gendarmerie. Durant la mission, l’ORFA peut être utilisée par tous les militaires pour réguler le niveau de stress et se recentrer sur le ou sur les objectifs, notamment via la respiration et la réactivation d’événements positifs, à l’instar de la visualisation d’une précédente opération parfaitement réalisée.

Ces outils précieux pour les gendarmes de terrain sont également utilisés par les athlètes de l’Institution, comme la Sportive de haut niveau de la Défense-Gendarmerie (SHND-G) Gaëlle Edon, qui l’utilise depuis plus d’un an. « Cela me permet, en compétition, de faire confiance à tout ce que j’ai vu avant. Je me mets dans ma bulle, je pense à ma respiration et je laisse faire, tout en restant attentive à ne pas me mettre en mode automatique pour éviter la faute. »

Après la mission, l’ORFA peut également être employée pour la récupération, par le biais d’exercices de respiration et de relaxation. Mais cette méthode ne s’utilise pas uniquement dans un objectif opérationnel. Elle peut également constituer une vraie plus-value dans d’autres aspects de la vie, par exemple lors du passage d’un examen, pour reprendre confiance en soi, ou encore dans le cadre d’une reconstruction physique ou mentale après un accident. Chaque militaire peut ainsi y trouver l’aide et le soutien dont il a besoin à un instant donné. L’ORFA semble donc avoir fait ses preuves et s’inscrit désormais dans le paysage institutionnel. Alors qu’en 2020, la gendarmerie nationale ne comptait qu’une centaine de moniteurs ORFA, ils sont désormais 643, auxquels s’ajoutent vint-et-un instructeurs et cinq experts ORFA. Des chiffres qui devraient continuer d’augmenter au cours des prochaines années.

De moniteur à expert : le cursus

Pour pratiquer la méthode ORFA, différentes formations existent. À la base de la pyramide, les gendarmes doivent d’abord suivre la Formation initiale (F.I.). Comprenant une dizaine d’heures de cours théoriques et pratiques, répartis sur un à quatre mois, cet apprentissage dispense les notions fondamentales de la discipline. Pour assurer les séances d’entraînement de cette formation et pour proposer un accompagnement à leurs camarades, les gendarmes peuvent ensuite poursuivre leur apprentissage pour devenir moniteur. Pour cela, ils doivent assister à trois séminaires de quatre jours et demi, répartis sur cinq à dix mois. Lors de ces séminaires, ils intègrent un certain nombre de données sur la pratique de la méthode, sur son encadrement, ses limites et ses apports. Au-dessus des moniteurs, se trouvent ensuite les instructeurs. Possédant deux années minimum de monitorat ORFA, ces derniers sont chargés de l’encadrement de la pratique par l’ensemble des moniteurs ainsi que de la formation de ces derniers. Formés selon le même modèle de stage que les moniteurs, les instructeurs doivent en outre rédiger un mémoire sur le sujet, qui servira principalement de retour d’expérience pour faire évoluer la discipline. Enfin, tout en haut de la pyramide, on trouve les experts ORFA. Au nombre de cinq en gendarmerie, ils ont pour mission la gestion du réseau ORFA dans leur zone de compétence géographique ainsi que la formation des instructeurs. Maîtrisant parfaitement le sujet, ces experts doivent, après une pratique de 2 ans, suivre une formation civile complémentaire, faisant d’eux les référents ultimes de la discipline.

 


Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser