Nouveaux véhicules de maintien de l’ordre : le focus du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 13 novembre 2023
Vue de face d'un Irisbus et d'un véhicule de maintien de l'ordre à St Astier
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

C’est sur les terrains d’exercice du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) que les tests pour les Véhicules de maintien de l’ordre (VMO) ont commencé en 2021. Tout au long du processus, ce centre expert a été au cœur des études et expérimentations conduites pour aboutir aux produits finaux.

Le général Bertin Malhet, chef du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG), et le lieutenant-colonel Philippe Wingler, chef du Bureau analyse anticipation pédagogique (BAAP) reviennent sur le processus auquel le Centre a été étroitement associé dès 2021, afin de mettre en œuvre les nouveaux Véhicules de maintien de l’ordre (VMO).

C’est en quelques mots que le général Malhet résume la situation : « Dès le début de l’aventure de ce projet, le CNEFG a été associé aux études par la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). Nous avons pu travailler en étroite liaison avec la Division des opérations et de l’emploi (DOE) et le Service de l’achat, de l’innovation et de la logistique du ministère de l’Intérieur (SAILMI), et avec des contacts directs avec Gruau, Iveco, et surtout avec le futur utilisateur. »

Gros plan sur une stèle noire avec le logo du Central national d'entraînement des forces gendarmerie et sa devise "Pour que force reste à la loi"
© SIRPA-G - F. Garcia

À quel titre le CNEFG est-il associé ?

- au regard de son expertise de la Gendarmerie mobile (G.M.) et de la pratique du Maintien de l’ordre (M.O.) ;

-  en raison de son mandat de formation continue. Lieu de convergence des unités futures utilisatrices, le Centre est le site privilégié pour tester les futurs matériels (véhicules, balistique, habillement...) dans des conditions réalistes jusqu’à dégradées.

S’agissant des VMO, le double retour des cadres et des unités futures utilisatrices permet de porter un regard plus complet sur le cahier des charges, voire d'y apporter des modifications. Le chef du CNEFG salue à cet titre le travail en synergie et le dialogue permanent conduits entre l’administration centrale, les équipes du Centre, les unités testeuses, l’atelier de Limoges et les industriels. Que ce soit par le biais de contacts téléphoniques ou écrits, des déplacements de la directrice de programme, des personnels du Centre ou des industriels, c’est par ces relations constantes des uns avec les autres que les programmes se sont construits et affinés.

Derrière un véhicule de maintien de l'ordre, trois gendarmes en treillis, une gendarme en bleu et trois hommes en civil échangent
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

Un programme dont les objectifs sont :

- une meilleure performance des unités et davantage de souplesse dans l’accomplissement de leur mission ;

- une meilleure sécurité et protection pour ces unités dans l'accomplissement de ces missions, ainsi qu’une meilleure sécurité routière ;

- une meilleure adéquation avec les nouvelles doctrines et les nouveaux enjeux auxquels doit répondre la G.M. de demain ;

- une ergonomie et un confort améliorés pour les troupes, plus adaptés aux missions et aux translations.

Vue derrière une barricade floue, sur un véhicule de maintien de l'ordre
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

Quelques exemples

« Avant de lancer le programme VCT, nous avons testé un véhicule de type fourgon, de petite capacité, explique le lieutenant-colonel Wingler, et nous avons rapidement émis un avis assez défavorable par rapport aux besoins qui étaient les nôtres. Ce véhicule-là n’était pas compatible. À la suite des remontées des commandants d’unité, la DGGN a rédigé un cahier des charges pour obtenir le VCT actuel, lequel correspond à nos besoins. On peut y accueillir tout le matériel réseau, être en capacité de travailler en milieux urbain et rural, mais aussi d'y vivre durablement en cas de projection. »

Les prototypes des Véhicules mobiles d’équipe (VME) et des Véhicules mobiles de groupe (VMG), mis à disposition du Centre en 2020 et 2021, sont appelés les « versions 00 ». « Les tests conduits ont permis d'apporter de nombreuses améliorations, mais aussi de détecter certaines fragilités ou inadaptations, précise le général Malhet. Nous mettons aussi en place une petite adaptation de la manœuvre tactique au regard de la nouvelle configuration du véhicule, qui ne dispose pas d'accès par les portes arrière. » Et le lieutenant-colonel Wingler d'ajouter : « Nous trouvons des solutions alternatives pour que cela corresponde aux besoins tactiques en même temps qu’aux attentes de confort de vie. » Par exemple, l’ajout d’un marchepied très large à l’arrière du véhicule permet d’utiliser cet accessoire pour favoriser la rupture de contact.

Tout au long du projet, le chef du BAAP est en lien étroit avec les industriels de Gruau, qui ont cette volonté de s’imprégner des problématiques de la G.M. Une équipe de marque a ainsi sollicité la possibilité de venir au CNEFG, lequel les a invités à un stage de Perfectionnement et d’évaluation du commandement opérationnel (PECO). « Ils sont surpris de voir à quoi sont soumis les véhicules et ils comprennent ainsi mieux la nécessité de construire quelque chose d’un peu durci, adapté à la vie sur ces engagements du haut du spectre », souligne l’officier supérieur. Deux de ses contacts chez l’industriel l’ont d'ailleurs appelé régulièrement, chaque fois qu’un questionnement se faisait jour.

Vue stylisée en contre-plongée d'un véhicule de maintien de l'ordre
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

Le CNEFG au cœur d’un travail collaboratif efficace

Travaillant au quotidien au contact des unités, le Centre de Saint-Astier a ainsi la possibilité, à travers les regards des différents militaires concernés, d'apporter une réponse la plus cohérente et la plus complète possible, que ce soit à l’intention de la DOE, des constructeurs... « L'avantage du Centre est d'avoir ce lien constant avec le terrain, ce qui nous offre un réseau à même d’apporter des solutions le plus rapidement possible. Construites, vérifiées et sensées, les réponses apportées sont ainsi le résultats des nombreux tests opérés à cette fin », indique le lieutenant-colonel. Au-delà des tests conduits avec les unités de G.M., les éléments retenus sont aussi le fruit d’un travail collaboratif entre les équipes de la Division de la formation du CNEFG [NDLR : plus précisément le BAAP et le département rétablissement de l’ordre]. Sur l’aspect technique des transmissions, le Détachement section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces du CNEFG a par exemple été entièrement impliqué sur les aspects de télécommunication, de son, etc.

Le lieutenant-colonel Wingler, qui a vu le projet avancer et aboutir, souligne la qualité du travail qu’il a pu observer : « L’industrie française est belle. Le savoir-faire de l’Atelier central automobile de Limoges est impressionnant. L’entreprise Gruau a des valeurs humaines et professionnelles de très haut niveau, que l’on perçoit à travers cet effort de venir s’immerger chez nous, mais aussi par le fait qu’ils ont répondu dans les meilleurs délais à l’urgence des commandes. Pour ce faire, ils ont recruté du personnel dans le cadre de la réinsertion, en le formant au mieux pour tenir les délais. »

Le CNEFG a ainsi été au cœur du projet, de ses prémices et jusqu’à son aboutissement, permettant aux différentes parties de garder un dialogue permanent, construit et efficient.

C'est donc l'association de la DOE, au pilotage des programmes, des unités de gendarmerie mobile et, par le biais du Centre de Saint-Astier, placé au cœur du dispositif, de Gruau et Iveco, qu'on pu être réalisés, in fine, des produits en cohérence avec les besoins de la G.M. Offrant des capacités techniques permettant aux militaires de se concentrer sur la mission, en évacuant les problématiques matérielles, ces véhicules représentent un véritable bond technologique qui va bien au-delà de la notion de confort. « Le tout dans le respect de la doctrine et pour répondre aux besoins toujours en évolution de cette gendarmerie mobile qui fait face à de nouveaux défis », conclut le général Malhet.

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