Manon Apithy-Brunet, sabreuse et chercheuse d’or

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 29 avril 2024
La sabreuse Manon Brunet à l'entraînement à Orléans, masque sous le bras droit et sabre dans la main droite. Au second plan, d'autres sabreuses dont une chinoise de dos.
© GEND/SIRPA/BRC F. ARRIGHI

Sportive de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G) depuis 2017, Manon Apithy-Brunet participera aux épreuves d’escrime des Jeux Olympiques de Paris, du 27 juillet au 4 août, sous la verrière du Grand Palais. Et elle compte bien terminer ses deux tournois, en individuel et par équipe, sur la plus haute marche du podium.

Sur les 24 pistes en aluminium de la salle d’armes Christian d’Oriola, à Orléans, les combats se déroulent en simultané. Les duellistes bondissent comme des félins, attaques et ripostes s’enchaînent, dans un ballet incessant, rythmé par le crissement des semelles et le choc des lames. Les lumières rouges et vertes, indiquant les touches valables, s’allument à intervalles réguliers. Parmi les tireurs présents ce matin-là pour croiser le fer, une jeune femme de 28 ans, Manon Apithy-Brunet, grande chance de médaille pour l’escrime française aux Jeux Olympiques de Paris, et membre de l’équipe des Sportifs de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G) depuis 2017.

Manon s’est installée à Orléans en 2021, après les Jeux Olympiques de Tokyo, pour intégrer la structure nouvellement créée par son entraîneur, Christian Bauer, qui fut entraîneur des équipes de sabre de France, d’Italie, de Chine et de Russie. « Je m’entraîne ici à l’année, même s’il m’arrive parfois de partir en stage avec l’équipe de France, avant certaines compétitions », explique-t-elle. La Christian Bauer academy est internationale et mixte. Des sabreurs de nombreux pays se préparent ici. Aujourd’hui, ils viennent de Chine, du Kazakhstan, d’Arabie Saoudite. « C’est très enrichissant culturellement, mais aussi sportivement, car cela permet de découvrir d’autres manières de s’entraîner, d’affronter des styles différents, estime Manon. Je peux ainsi me jauger, me challenger contre certaines filles qui me posent davantage de difficultés, et qui sont toutes des adversaires potentielles en tournoi, mais aussi me tester physiquement en tirant contre des garçons. »

La sabreuse Manon Apithy-Brunet à l'entraînement à Orléans, de dos sans son masque.
© GEND/SIRPA/BRC F. ARRIGHI

 J’ai senti que j’allais pouvoir me lâcher !

Officiellement qualifiée pour les Jeux Olympiques, en individuel et par équipe, Manon se prépare pour ce grand rendez-vous, alternant les séances techniques et physiques, avec vélo, course et renfort musculaire. « Les matchs durent de 10 à 15 minutes, et il faut en remporter six pour gagner la compétition. C’est très physique, car on est tout le temps sur les appuis, les cuisses travaillent beaucoup. Et c’est un sport asymétrique, on tire sur le corps, sur les ischios, les adducteurs, les muscles du dos… Le travail musculaire est donc essentiel, à la fois pour éviter les blessures, mais aussi pour avoir de la puissance lors des attaques. On bosse aussi beaucoup le cardio, parce que c’est un effort court et intense. Après l’entraînement et la séance de kiné, je fais aussi de la préparation mentale, en fin de journée. »

Manon a découvert l’escrime quand elle avait huit ans. « J’ai grandi dans une famille de sportifs, mais je cherchais un peu « mon » sport, raconte-t-elle. Une copine m’a proposé de l’accompagner à l’escrime. Dès que j’ai enfilé la tenue, j’ai adoré... Je devais tester le handball le lendemain, mais je n’y suis jamais allée ! J’étais très timide, alors le fait de me cacher derrière un masque, j’ai senti que j’allais pouvoir me lâcher ! J’adore ce sport très complet, à la fois technique, physique et tactique, même si, avec le recul, je pense que j’ai eu de la chance de commencer tout de suite par le sabre. Je ne suis pas sûre que j’aurais eu assez de patience pour pratiquer l’une des deux autres armes. » Manon n’est plus timide. L’assurance qu’elle a acquise au gré des victoires se lit sur son visage, s’entend dans sa voix, se voit dans ses gestes.

La sabreuse Manon Apithy-Brunet à l'entraînement à Orléans, avec son masque et son sabre dans la main droite.
© GEND/SIRPA/BRC F. ARRIGHI

Les gendarmes prennent bien soin de nous !

Elle a tout juste 20 ans, en 2016, lorsqu’elle est sélectionnée pour ses premiers Jeux Olympiques, à Rio. Elle parvient en demi-finale, battue d’une touche par la numéro un mondiale, puis perd la petite finale. Elle prendra sa revanche cinq ans plus tard, à Tokyo, en décrochant la médaille de bronze en individuel, puis la médaille d’argent avec l’équipe de France.

En 2017, elle rejoint l’équipe des Sportifs de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G). « La gendarmerie nationale a été mon premier partenaire. C’est la Fédération française d’escrime qui m’a proposé cette opportunité, et la gendarmerie m’a ensuite choisie. On forme une vraie famille avec les autres athlètes. Cela m’a notamment permis de rencontrer Clarisse (Agbégnénou, NDLR) qui est vraiment une fille extraordinaire. J’ai eu la chance de faire une séance de préparation mentale avec elle à Tokyo, et j’écoutais ensuite sa voix dans la chambre d’appel. C’est une grande fierté pour moi de pouvoir représenter la gendarmerie, et les gendarmes prennent bien soin de nous ! » Le 24 mai 2022, Manon est même devenue marraine officielle du 1er Régiment d’infanterie (1er R.I.) de la Garde républicaine.

En 2023, la sabreuse remporte le championnat d'Europe, à Plovdiv, en Bulgarie, en battant en finale sa compatriote Sara Balzer, puis la médaille d'or par équipe aux Jeux européens, à Cracovie, en Pologne. Après les championnats d’Europe, qui se disputeront du 18 au 23 juin 2024 à Bâle, en Suisse, place aux Jeux donc, dont les épreuves d’escrime se dérouleront du 27 juillet au 4 août, dans un cadre prestigieux, sous la verrière du Grand Palais. « La première fois que j’ai assisté à une grande compétition d’escrime, c’était les championnats du Monde en 2010 à Paris, précisément au Grand Palais. Ça va être tellement beau, mais stressant aussi, reconnaît Manon. Pour tous les Français, c’est la « compet’ » de notre vie. » Après le bronze et l’argent au Japon, la championne n’a logiquement qu’une ambition : « Je veux être double championne olympique. Je m’entraîne pour ça. »

La sabreuse Manon Apithy-Brunet à l'entraînement à Orléans, téléphone portable en main, échange avec une personne de dos.
© GEND/SIRPA/BRC F. ARRIGHI

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