L’histoire de Nelly Hopp est révélatrice d’une force de caractère remarquable qui lui a permis de créer sa propre entreprise pour prendre un nouveau départ. Maître de chien en Gendarmerie, elle a été réformée suite à un accident en service qui l’a contrainte à quitter l’Institution. Aujourd’hui, elle s’épanouie en pratiquant à son compte la médiation par l’animal avec les chiens et les chevaux.
Que faisiez-vous en gendarmerie ?
J’ai tout d’abord été monitrice d’équitation à mon compte, puis je suis rentrée en gendarmerie en 2004 et j’ai fait 4 ans en brigade départementale. En Bretagne, j’étais Maître de chien avec un chien de piste/défense. J’ai ensuite intégré le Groupe d’Investigation Cynophile de Limoges où j’ai formé un deuxième chien pour les stupéfiants, les armes, les munitions et les billets de banque. J’avais donc deux chiens avec deux technicités différentes.
Malheureusement, j’ai eu un accident en service qui a eu des graves conséquences sur le dos et provoquant une inaptitude au service externe. Je voulais rester dans l’action donc j’ai demandé une place au CORG (Centre des Opérations et de Renseignement de la Gendarmerie) où je suis restée 3 ans, de 2017 à 2020. Ce poste m’a beaucoup appris dans la gestion du stress surtout, mais les missions ne me plaisaient pas et rester immobile assise toute la journée n’était pas bon pour mon dos.
Quel est votre parcours de transition professionnelle ?
Je devais donc être réformée alors j’ai fait appel au Centre d’Orientation et de Reconversion (COR) de Limoges, et c’est ainsi que la lieutenante Audrey Dikor m’a accompagnée dans ma démarche de reconversion. Je savais que je pouvais reprendre mon premier métier de monitrice d’équitation mais je n’avais pas forcément de projet en tête. Avec Audrey, on a cherché des établissements proposant une formation reconnue au RNCP et nous avons appelé différents organismes jusqu’à trouver celui de Châteauroux. Les tests d’orientation et de positionnement faisaient ressortir que je voulais être mon propre chef et que je voulais aider les gens. J’avais ce besoin de liberté mais peur de me relancer à mon compte alors que ma mission en gendarmerie pendant des années était sécurisante.
J’avais déjà pratiqué l’équithérapie, je connaissais le pouvoir des chevaux sur les personnes fragilisées par la vie, la maladie ou le handicap. Donc j’avais envie de me lancer mais comment procéder ? J’ai fait une formation de chargée de projet en médiation par l’animal pendant 1 mois, puis j’ai eu 6 mois pour rédiger un mémoire que j’ai soutenu à l’oral. Parallèlement, j’ai suivi des cours d’éducateur canin avec diplôme à la clé, ainsi que la formation PECCRAM (Programme d’Education à la Connaissance du Chien et aux Risques d’Accidents par Morsure). J’ai aussi participé à des ateliers pour se former à la création d’entreprise (procédure, étude du marché de l’emploi, plan de financements, gestion budgétaire, promotion de son activité, etc.) par le biais de l’association BGE qui accompagne les entrepreneurs dans cette démarche.
En quoi consiste votre nouvelle activité ?
J’ai ouvert mon entreprise « Les Liens d’Armor » au 1er avril 2022 dans des locaux que j’ai entièrement refait pour mettre aux normes et installer une zone d’accueil de la clientèle.
Je propose trois activités :
Qu’est-ce qui vous plaît dans ce que vous faites ?
J’aime aider les gens, la médiation par l’animal ressource la personne en demande et c’est très épanouissant à titre personnel. Aujourd’hui, j’ai trois chevaux, deux poneys et trois chiens. J’ai la chance d’avoir un bon réseau dont une proche qui est assistante sociale. Je démarche les écoles, j’appelle les organismes pour proposer de venir faire des présentations avec Samba.
J’ai à cœur d’aller dans les écoles et apprendre le langage canin aux petits pour éviter les mauvais gestes (programme PECCRAM). Quand vous savez que la morsure est la troisième cause d’accident domestique, c’est grave, il important de sensibiliser les enfants. C’est un programme adaptable aux adultes, on le faisait en gendarmerie pour les facteurs.
Avez-vous un conseil pour des militaires en démarche de reconversion ?
Je recommande d’avoir beaucoup de courage pour créer son entreprise mais c’est une très belle aventure. Il faut croire en ses capacités, au projet que l’on porte et surtout aimer ce que l’on fait pour réussir. La première fois que j’ai présenté Samba aux forces de l’ordre, une policière avait les yeux qui pétillaient derrière son masque… les gens voient la passion que vous portez et vivez.
Être gendarme est un avantage dans la relation avec mes interlocuteurs, cela inspire la confiance par le sérieux de l’Institution militaire. La gendarmerie m’a aidé à savoir gérer le stress. C’est un plaisir de revoir mes camarades tout en vivant de ma passion, la spécialisation avec le chien d’assistance judiciaire me permet de rester encore un peu au contact de l’Institution.
Lieutenante Dikor, conseillère en transition professionnelle au Centre d'Orientation et de Reconversion du Limousin :
Nelly est une bonne ambassadrice sur la création d’entreprise, elle est la preuve que quand on y croit ça marche ! J’ai d’ailleurs une autre candidate un peu perdue dans sa démarche de reconversion que j’ai envoyée voir Nelly afin de partager son expérience.
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