Les Ressources Humaines, un service géré par une femme

E., 35 ans, est Officier du Corps Technique et Administratif de la Gendarmerie Nationale, au grade de commandante. Elle est aux commandes du Bureau des Ressources Humaines du Pôle judiciaire de la Gendarmerie Nationale.

Quel a été votre parcours avant d'intégrer le PJGN ?

J’ai fait des études de Droit public à Strasbourg, puis réussit le concours d’OCTA DIRECT en 2006. A l’époque, le concours était interarmées : rejoindre la Gendarmerie était mon 1er choix de classement. Je fais partie de la 113ème promotion de l’EOGN « général Fauconnet » en 2006-2008 (5ème promotion d’OCTAGN). Chef BRH au PJGN est mon troisième poste. J’ai débuté ma carrière en tant que contrôleur de gestion pour la Région de Gendarmerie de Basse-Normandie, premier poste durant lequel j’ai eu la chance d’effectuer 6 mois de mission OPEX au KOSOVO en 2010, en tant qu’officier logistique à MITROVICA. Ma deuxième affectation m’a amenée à la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale au Bureau du Personnel Sous-officier (BPSCSTAGN). J'étais gestionnaire nationale RH des 4500 sous-officiers du Corps de Soutien Technique et Administratif. C’est le coup de foudre pour les RH – et côté perso la période où je me marie avec un sous-officier de l’arme. Enfin, j’ai rejoint le PJGN en tant qu’adjoint au chef BRH en 2015, puis chef BRH en 2018. En parallèle, j’ai repris des études à titre personnel pour obtenir un bac + 5 en Ressources Humaines, tout en donnant naissance à deux adorables petits garçons en 2015 et 2019. Et voilà 14 années bien remplies au bilan !

Qu'est ce qui a motivé ce choix de carrière dans le domaine judiciaire ?

Le PJGN est à la pointe de l’innovation dans les domaines scientifiques, criminalistiques, numériques, dans les domaines des fichiers, de l’analyse criminelle et du renseignement. C’est un honneur de travailler au profit de tous ces spécialistes et experts de haut niveau, un travail exigeant et enrichissant, de par la diversité des quelques 75 métiers et 17 statuts.

Quelles sont les missions de votre service ? Vos activités quotidiennes ?

Le Bureau des Ressources Humaines du PJGN est un service de soutien au sein de l’état-major, composé de 12 personnels, dont la mission est d’assurer la gestion RH des 570 personnels affectés au PJGN.  La principale mission du BRH est d'intervenir du recrutement jusqu’à la retraite (en fonction des statuts) afin de recruter, former, accompagner, conseiller, orienter, promouvoir, récompenser, décorer… Pas le temps de s’ennuyer, il s’agit d’être capable en tant que chef RH de passer d’une thématique à l’autre en quelques instants. Mon quotidien est rythmé par des entretiens individuels, réunions, beaucoup d’écrits et d’appels téléphoniques, des directives à relayer, organiser mon service… Le but final : concilier l’intérêt du service et les intérêts des personnels. Affecter la bonne personne, au bon endroit, au bon moment.

Pensez-vous que votre profession vous contraint dans votre féminité ?

Vous parlez des cheveux en chignon, de la manucure ou des bijoux discrets ? Prenons un peu de hauteur, le statut militaire ne différencie pas les hommes des femmes, nous sommes tous et toutes militaires. Je ne ressens pas de contrainte particulière dans ma féminité.

Quelles sont les compétences nécessaires pour exercer ce métier ?

Capacité d’écoute, empathie, adaptabilité, mais aussi réactivité, rigueur, esprit de discipline, disponibilité, discrétion (dans le sens du respect de la confidentialité) et enfin une bonne dose de patience, de persévérance et d’humilité. La recette est immuable et a fait ses preuves.

Quels sont les défis que vous avez dû relever en tant que femme lors de votre prise de fonction ?

J’ai parfois eu le sentiment de devoir faire 2 fois plus mes preuves qu’un homme.

Pensez-vous qu'être une femme soit un désavantage ou une force ?

C’est une force selon moi d’être une femme, peut-être aussi parce qu’en devenant mère, je me sens capable de soulever des montagnes. Je rencontre de moins en moins au fil des années, heureusement, de gendarmes campant sur leurs a priori concernant « les femmes », « les jeunes », « les corps de soutien » (car ne nous voilons pas la face, il reste des préjugés sur ces trois thématiques). Travailler sans relâche et garder le sourire est le meilleur remède pour venir à bout de ces préjugés !

Comment voyez-vous votre avenir ? Pensez-vous qu’il aurait été différent si vous aviez été un homme ? 

Je suis d’un naturel optimiste, l’avenir me réserve de belles surprises et je ne me ferme aucune porte. Je ne pense pas qu’il aurait été différent si j’avais été un homme.

Auriez-vous un conseil à donner aux jeunes femmes actives ?

N’hésitez pas à entrer dans la carrière militaire ou dans la fonction publique. Ce sont deux secteurs d’emploi qui assurent une parfaite équité salariale des hommes et des femmes, au travers des grilles indiciaires, ce que le secteur privé ne parvient pour l’heure pas à garantir. Chacun y a sa place. Que vous soyez homme, femme, civil, corps de soutien, gendarme, volontaire, novice, expérimenté… De belles rencontres vous y attendent. Je retiendrai de ces 14 premières années en Gendarmerie de nombreux échanges marquants, parfois émouvants, avec des gens passionnés et passionnants, au service du citoyen. Enfin, je vous souhaite de trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, d’être épanouies dans les deux.

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