La création en 1998 du Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG) et les extensions successives de son champ d'application ont engendré, en quelques années, un accroissement exponentiel des demandes d'analyses génétiques à des fins judiciaires. Pour répondre à ces exigences, en offrant un service de grande qualité, conforme aux règles les plus strictes de l'analyse génétique, la Gendarmerie a créé un laboratoire de pointe hautement automatisé capable de répondre aux diverses sollicitations des magistrats et des enquêteurs.
Créé en 2005, il centralise et réalise l'analyse automatisée des prélèvements effectués sur les individus dans le but d'alimenter le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques :
- les individus suspects ou condamnés et leur parentèles ;
- les cadavres non identifiés (ossements et éléments de corps) ;
- les personnes disparues ;
- les victimes de catastrophes et leur parentèle aux fins d'identification directe.
Il dispose à cet effet des matériels et des techniques les plus avancés dans ce domaine d'expertise. D'un point de vue technique, les prélèvements salivaires sont déposés sur un type de papier particulier (FTA) possédant des propriétés spécifiques, permettant de lyser la cellule et de conserver l'ADN intact pendant plusieurs années. Après un poinçonnage automatique de la carte FTA, les fragments de papier contenant les cellules buccales des individus prélevés sont traités successivement par une chaîne automatisée, permettant la préparation de l'amplification génique par PCR puis le génotypage des régions d'ADN d'intérêt par électrophorèse capillaire pour établir un profil génétique.
Le département AGI travaille également à partir d’objets de références ayant appartenus aux victimes ou personnes déclarées disparues. Le traitement de ces différents types de prélèvements fait appel à des techniques d'échantillonnage et des processus analytiques spécifiques garantissant l'obtention d'un profil ADN exploitable afin d’être comparés en vue d’une identification formelle.
Enfin le laboratoire a développé, depuis quelques années, une expertise dans l’analyse des restes humains, notamment par l’utilisation des dernières techniques d’extraction permettant d’extraire l’ADN sur les éléments les plus dégradés. Différentes analyses peuvent ensuite être réalisées pour identifier les restes humains (profil génétique, portrait robot…)
Créés respectivement 1989 et en 2011, le département Biologie et le SCAGGEND-Traces sont aujourd'hui regroupés pour former un service travaillant main dans la main :
- le département Analyses Génétiques Traces pour la partie analytique et technique ;
- le département Expertises Génétiques pour l’interprétation des profils génétiques par les experts.
Les scènes d’investigation présentent une multitude de traces, parfois invisibles, du passage des auteurs d’infraction. Les traces biologiques correspondent à des substances issues des êtres vivants, échangées ou laissées sur une scène. Deux types de traitement sont à distinguer :
- Délinquance de masse (délits type cambriolages, dégradations…)
Les prélèvements effectués par écouvillon sont standardisés et donc éligibles à un traitement automatisé à haut débit. Après l'étape d'échantillonnage, les prélèvements sont soumis à un traitement de préparation à l'amplification génique en vue de leur génotypage par électrophorèse capillaire. A l’issue de l'analyse, les résultats obtenus sont exploités par les experts inscrits et agréés du service pour un enregistrement des profils génétiques au FNAEG.
- Crimes et dossiers sensibles
En plus de son activité de traitement des prélèvements standardisés, le laboratoire est également amené à effectuer des analyses sur des supports complexes pouvant être des vêtements, des éléments de literie ou encore des véhicules. De plus, davantage de techniques d'analyses plus spécifiques et précises, sont utilisées, telles que la détermination de la nature de la trace et lyse différentielle pour le traitement d’affaires sexuelles par exemple.
Le département EXG regroupe les différents experts de la Division Criminalistique Biologie Génétique (DCBG). Il travaille en étroite collaboration avec les départements AGI et AGT, pour le suivi des analyses. Les experts traitent les dossiers, interprètent et comparent les profils génétiques individus et traces. Ils valident également les rapports de rapprochement entre traces et individus générés par le FNAEG. De plus, lors de l’interprétation des profils génétiques, ils réalisent des calculs statistiques pour les mélanges jusqu’à trois contributeurs à l’aide de logiciels perfectionnés, des calculs en parentèle et construisent des réseaux bayésiens. A l’issue du traitement de leur dossier, les experts peuvent être amenés à déposer aux assises, notamment pour les affaires les plus sensibles.
En parallèle de leur activité expertale, les experts assurent une veille scientifique pour toujours améliorer les techniques d’analyses et rédigent certains articles scientifiques. De plus, ils conseillent les enquêteurs ainsi que les juges mandants sur les techniques d’analyses à privilégier notamment. Enfin, ils réalisent des interventions de formations en interne auprès des techniciens en identification criminelle ainsi que lors de différents séminaires en externe auprès d’étudiants ou d’autres experts du domaine.
Amené à travailler sur des affaires judiciaires complexes et souvent sensibles, le département est en constante interaction avec d'autres unités de l’IRCGN tels que Empreintes Digitales, Balistique, Documents ou encore Microanalyse.