Un ouvrage introuvable enfin réédité : colonel (CR) Claude Cazals, La Gendarmerie sous l’Occupation.

Kubik éditions et L’Essor de la Gendarmerie rééditent ce livre paru en 1994, avec une introduction de Jean-Noël Luc, qui souligne l’intérêt historiographique, mémoriel et civique de cette initiative.

En savoir plus sur ce livre, rédigé par un auteur dont le père, l’adjudant-chef Marcellin Cazals est l’un des gendarmes français reconnus « Justes parmi les nations » pour son action contre la politique antisémite de Vichy, renforcée par Pétain lui-même.

Claude Cazals, La Gendarmerie sous l’Occupation, Introduction de Jean-Noël Luc, Paris, Kubik éditions – L’Essor de la Gendarmerie nationale, 2022, 415 p., 30 euros (commande en librairie ou https://essor.aboshop.fr/common/product-article/245).

En 1994, le colonel (CR) Claude Cazals, fils de l’un des dix-huit gendarmes reconnus « Justes parmi les nations », publiait un ouvrage pionnier sur le destin de l’Arme pendant les « Années noires ». Jusqu’alors, la mémoire du corps dissimulait les « vérités considérées comme gênantes », tandis que la recherche commençait juste à s’intéresser à la mise en œuvre de la politique de Vichy par les seuls policiers.

À l’écart de la célébration rituelle d’un corps précocement et globalement résistant, Claude Cazals brosse le premier panorama détaillé des diverses contributions des gendarmes à l’ensemble de la politique répressive de l’État français. Mais il n’oublie pas, pour autant, ce qu’il appelle le « Refus », à savoir la répugnance croissante de plusieurs de ces militaires particuliers à l’égard de cette politique, ainsi qu’une insubordination qui expose à de multiples sanctions, jusqu’à l’exécution ou la déportation. L’introduction replace ce texte dans l’évolution de la mémoire de corps, la remise en cause du discours officiel rituel et les progrès de l’historiographie, qui ne permettent pas, pour autant, de dresser un bilan global des comportements – pluriels et évolutifs – des gendarmes entre 1940 et 1945, dont certains feraient la pièce maîtresse de leur réquisitoire ou de leur plaidoyer.

La réédition de ce livre, introuvable depuis longtemps, est pertinente. Dans l’intérêt du savoir, de l’institution et de la culture démocratique. L’Occupation offre un observatoire particulier sur le fonctionnement et le rôle d’une force militaire originale, à l’interface entre l’État, la société et les autres troupes. La déconstruction de la vulgate hagiographique, qui banalise les gestes de résistance en les généralisant tout au long de la période, fait ressortir les vrais engagements de nombreux gendarmes contre l’occupant et contre Vichy. L’existence d’un régime à la fois légal, antidémocratique et répressif invite à réfléchir au dilemme des agents de la force publique dans tout contexte équivalent : obéir ou écouter leur conscience ? Claude Cazals n’élude pas cette question. Sans chercher à ouvrir un procès rétrospectif, il souligne la légitimité – « lorsque les circonstances l’exigent » – d’un choix fondé sur « la morale individuelle et le respect des principes inaliénables qui transcendent la loi ».

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