La « négo » se décline sur tous les terrains

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 19 janvier 2022
© Patrice Héraud - Cellule communication de Nouvelle-Aquitaine

En marge de leurs interventions, de plus en plus fréquentes, les négociateurs régionaux multiplient les formations à la gestion des conflits, au profit des maires, mais aussi d’autres publics concernés, comme les cadres de l’Éducation nationale notamment, et participent à des exercices stratégiques. Exemple en Aquitaine.

La gendarmerie nationale a décidé de partager son savoir-faire en matière de négociation, afin d’en faire profiter des publics qui peuvent être confrontés à des situations de tension, soit, dans certains cas, pour résoudre eux-mêmes le conflit sans se mettre en danger, soit, le plus souvent, pour gagner du temps en attendant l’intervention des gendarmes.

Des élus aux proviseurs

En 2021, ce volet préventif a principalement concerné les élus, dont les agressions ont connu une hausse spectaculaire. Face à ce constat, la direction générale de la gendarmerie nationale a demandé à la cellule nationale de négociation du GIGN d’élaborer un canevas de formation. Partout sur le territoire, ce sont les négociateurs régionaux qui assurent ces formations à la gestion « pacifique » des conflits.

« C’est actuellement la part la plus importante de nos missions, confirme l’adjudant Stéphane, affecté à la Brigade de recherches (B.R.) d’Arcachon, et négociateur référent pour la région Aquitaine. C’est une formation efficace, qui donne aux élus des clés pour éviter de se mettre en danger, en appliquant des techniques de communication. La gendarmerie peut s’appuyer sur son maillage territorial pour la dispenser, en partenariat avec les associations des maires de chaque département. À ce jour, près de 900 élus ont été formés en Aquitaine, et la demande reste forte, grâce notamment à un très bon bouche-à-oreille. »

Dans le département de la Gironde, la gendarmerie nationale a également signé une convention avec l’Académie de Bordeaux, pour intervenir lors des séminaires de formation à la gestion de crise des cadres de l’Éducation nationale, principalement les proviseurs et futurs proviseurs. « Nous leur donnons là encore des outils pour faire tomber la tension. La clé, c’est l’écoute, sans laquelle on ne peut pas réussir à se comprendre. Nous leur enseignons notamment les techniques d’écoute active. Nous avons beaucoup de questions et les sessions débordent largement des trois heures prévues. »

Exercice à la centrale de Blaye

Pour la première fois, les négociateurs régionaux de Gironde ont participé, avec le Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG) et l’antenne GIGN de Tours, à l’un des deux exercices annuels qui se déroulent à la centrale nucléaire du Blayais. « J’ai collaboré à l’élaboration du scénario pour l’aspect négociation, afin d’y intégrer les cinq négociateurs de Gironde, explique Stéphane. C’était important qu’ils soient tous présents sur cet exercice, qui permet de montrer à nos camarades à quoi sert la négociation, de vérifier de notre côté si tout fonctionne dans une situation de crise proche de la réalité, et de voir ce qu’il est possible d’améliorer, notamment sur le matériel mis à notre disposition par EDF dans le P.C. sécurité réservé à la négociation. »

Plusieurs individus, dont un salarié qui leur a permis l’accès, se sont donc introduits à l’intérieur de la centrale du Blayais. Dans le cadre de la protection des infrastructures, les militaires du PSPG interceptent les membres du commando, sauf un, qui parvient à se retrancher avec des otages. Une cellule de crise, avec notamment le directeur de la centrale et le commandant de groupement en second de la Gironde, est immédiatement activée, et des bureaux dédiés à la négociation, un peu à l’écart au calme.

Les négociateurs régionaux sont les premiers à entrer en action. « Négocier, ce n’est pas juste communiquer avec l’auteur, détaille l’adjudant. La mission a trois objectifs précis, ce que nous appelons le RDS. Le R correspond au renseignement. Collecter le maximum d’informations sur l’individu, notamment en lien avec les brigades territoriales, afin de dresser un profil psychologique et d’avoir le maximum d’informations sur l’individu, ce qui va permettre d’adapter notre communication. Quand ce profil est bien établi, on possède un coup d’avance. »

Le négociateur régional doit être volontaire, motivé et très disponible

Les échanges commencent. Les négociateurs s’appliquent à choisir les bonnes questions pour obtenir les bonnes réponses. « Il faut écouter pour bien comprendre la situation et essayer de créer un rapport de confiance, permettant par la suite d’avoir de l’influence. »

La négociation se poursuit, présentant un autre intérêt pour la suite des opérations : « La seconde phase - le D - c’est détourner l'attention. Gagner des minutes précieuses pour préparer l’intervention et faire baisser dans le même temps la vigilance de l’individu. On a pu en apprendre plus sur sa position, et surtout découvrir qu’il avait piégé la porte. Autant d’informations précieuses pour le S, qui consiste à stopper l’individu, soit en le neutralisant, soit en obtenant sa reddition. » L’assaut de l'antenne GIGN par hélitreuillage sur le toit de la centrale met fin à l’exercice.

© Patrice Héraud - Cellule communication de Nouvelle-Aquitaine

« L’aspect négociation prend de plus en plus d’importance dans les missions de la gendarmerie, conclut l’adjudant Stéphane. Alors que nous avions fait neuf interventions en 2019, nous en avons réalisé plus de 40 en 2020 et 2021. Le nombre de formations à la gestion des conflits est également en hausse constante. Nous espérons bien sûr que nos effectifs seront renforcés pour répondre à ces besoins. Outre certaines qualités que nous recherchons lors des différentes étapes de sélection, le négociateur régional doit être volontaire, motivé et très disponible. Cette spécificité est exercée en plus des fonctions habituelles du militaire, constituant une charge supplémentaire importante. »

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