Adjudant Michaël : récit d’un secours marquant en haute montagne

  • Par Capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 11 juillet 2021

Le 8 décembre 2020, un hélicoptère du SAF s’écrase à Bonvillard avec à son bord six personnes, dont deux CRS. L’adjudant Michaël est le premier arrivé sur les lieux du crash. À la suite de son action, il défilera le 14 juillet sur les Champs-Élysées, au sein du peloton des Héros du quotidien.

 Il est 18 h 40 quand, ce mardi 8 décembre 2020, le téléphone d’astreinte de l’adjudant Michaël, du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Savoie, sonne. Au bout de la ligne, le CODIS l’avertit qu’un hélicoptère du Service aérien français (SAF) vient de s’écraser à Bonvillard. Le pilote est en vie, car en ligne avec la société, mais concernant les passagers, il n’y a aucune information. « À partir de là, il n’y a pas une minute à perdre. Je rapatrie les équipes et on fait un rapide briefing à l’unité, avant de monter à la Drop Zone (D.Z.). À Modane, le temps est clair, mais on ne connaît pas la situation en altitude. On prépare donc le matériel en conséquence », explique l’adjudant Michaël.

Le récit du drame

Moins d’une heure après l’appel, deux secouristes du PGHM, un pilote et un mécanicien du Détachement aérien de gendarmerie (DAG) de Modane, ainsi qu’un médecin du SAMU embarquent à bord de l’hélicoptère du DAG. « Sur site, la météo est exécrable. Avec le brouillard, le pilote a très peu de visibilité, c’est compliqué. Malgré la couche nuageuse dense, il parvient toutefois à nous treuiller sur un chemin, à 500 mètres de dénivelé en dessous du lieu de l’accident », raconte l’adjudant Michaël.

Les secouristes et le médecin progressent alors dans 50 cm de neige pour atteindre l’endroit du sinistre. Entre les conditions météorologiques et le matériel à transporter, la tâche est ardue. « On voit qu’on n’avance pas, on est trop chargé. À ce moment-là, nous devons faire un choix et nous délester. La priorité est d’arriver rapidement sur place et de faire un bilan de la situation, pour ajuster les secours supplémentaires en conséquence. Je pars donc en précurseur, sans sac. Mes deux camarades, eux, me suivent de loin, avec le matériel. Quand j’arrive, j’aperçois une lumière de téléphone : c’est le pilote de la SAF, resté en ligne le temps de notre arrivée. Il est blessé et en grave hypothermie, mais il a tenu. Il est très choqué mais lucide. Je le laisse quelques minutes, le temps de faire le tour de la carlingue et de chercher les cinq passagers. Il ne me faut pas longtemps pour retrouver trois personnes, dont nos deux camarades CRS. Elles sont malheureusement décédées… »

Plusieurs renforts arrivent ensuite pour prêter main-forte aux deux secouristes et au médecin. Les deux autres passagers sont également retrouvés décédés dans les minutes qui suivent.

Un secours marquant

Ce soir-là, avec ses camarades, l’adjudant Michaël a pris des risques : treuillage de nuit, progression à l’aveugle… « Les interventions héliportées ne sont pas anodines, il y a toujours des risques, même si l’on fait en sorte de les réduire au maximum. Quant à la peur, on n’y pense pas. Le secours, c’est notre cœur de métier, c’est pour ça qu’on s’entraîne ! »

Quelques mois après ce drame, l’adjudant Michaël revient sur cette nuit-là. « C’est une intervention qui marque. Ils étaient en entraînement, comme on en fait aussi régulièrement. On se dit que ça aurait pu nous arriver à nous. Quand on y repense, on est heureux d’avoir sauvé une personne. Mais on en a aussi perdu cinq autres, dont deux camarades de la CRS montagne, avec laquelle on travaille régulièrement tout au long de l’année. Cette intervention est marquée par une forte dimension affective, qu’il faut occulter lors du secours si l’on veut être efficace. Mais elle revient inévitablement dès qu’on rentre à l’unité. »

Une véritable fierté

Quand on demande à l’adjudant Michaël s’il se considère comme un héros du quotidien, c’est avec humilité qu’il répond. « Dans un secours, il n’y a pas d’individualités, on travaille tous ensemble, c’est un travail d’équipe. Je ne me considère pas comme un héros, j’ai fait mon travail au mieux. Ce qui peut éventuellement faire de nous des héros, c’est que sans notre intervention, le pilote n’aurait pas survécu. »

Ce mercredi 14 juillet, l’adjudant Michaël aura l’honneur de descendre la plus belle avenue du Monde, aux côtés d’autres militaires dont l’action a marqué la gendarmerie au cours de l’année écoulée. « C’est une véritable fierté de pouvoir défiler dans ce peloton de « Héros du quotidien ». Et ça met en valeur notre travail de secouristes en montagne », se réjouit-il.  

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