Nouvelle génération gendarmerie : Une formation 3.0

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 03 février 2020
© MAJ F. Balsamo

Afin de permettre aux gendarmes d’aborder sereinement toutes les situations auxquelles ils seront confrontés sur le terrain, la formation en École de gendarmerie (EDG) a été rénovée.

Dès juillet 2018, le Commandement des écoles de la gendarmerie nationale (CEGN) a voulu élaborer un programme de scolarité « nouvelle génération». « Il s’agissait d’harmoniser l’enseignement entre les EDG et de construire un programme assez souple pour absorber les aléas de la scolarité (budget, nouveau cahier des charges, etc.), tout en conservant des bases solides », explique le lieutenant-colonel Pierre-Yves Le Trong, acteur de ce projet au sein du CEGN.

L’école de gendarmerie de Dijon (21) a été la première à mettre en pratique cette formation rénovée auprès des nouvelles promotions intégrées depuis le printemps dernier.

Un parcours personnalisé

L’un des changements majeurs du nouveau programme d’enseignement réside dans l’avancement de la date du choix des corps de la subdivision d’arme. En effet, au terme de sept mois de formation (soit un mois avant leur affectation en unité), les élèves-gendarmes choisissent désormais leur dominante, au lieu d’attendre le classement de fin de scolarité comme cela était le cas auparavant.

L’enseignement se veut donc plus cohérent, les matières à approfondir n’étant pas les mêmes selon une affectation en gendarmerie départementale, en gendarmerie mobile ou au sein de la garde républicaine. « Le but est d’être plus en phase avec ce qu’ils rencontreront au cours de leur première affectation », explique le colonel Alexandre Royer, commandant la division de la formation, au sein de l’EDG de Chaumont.

Les futurs brigadiers peuvent ainsi se perfectionner dans la matière judiciaire, à travers des enseignements spécifiques : gestion d’une enquête, techniques d’audition, investigations liées aux nouvelles technologies, police technique et scientifique...

De leur côté, les élèves ayant choisi « la jaune », se destinant à intégrer un escadron de gendarmerie mobile ou la garde républicaine, insistent davantage sur la maîtrise sans arme de l’adversaire, l’entraînement physique, la connaissance et le maniement des armes.

© MAJ F. Balsamo

Un enseignement moderne et concret

Afin de préparer au mieux les futurs gendarmes à leur affectation, certains cours théoriques font à présent l’objet d’un Enseignement à distance (EAD), avec des modules en ligne, pour laisser davantage de place à la pratique. De nombreuses mises en situation sont ainsi proposées aux jeunes recrues, dans des conditions proches du réel, grâce aux différents moyens mis à leur disposition.

Une brigade pédagogique, réplique exacte d’une unité, permet par exemple de les immerger dans un scénario, en tant que gendarme ou plastron. Ils sont ensuite débriefés à partir de l’enregistrement vidéo qui a été fait de la scène. Ces cas concrets synthétisent différents cours, comme l’intervention professionnelle, le contact et les règles de procédure. Afin d’être le plus réaliste possible, l’objectif est de disposer, à terme, dans les écoles, d’un environnement numérique qui soit le miroir du système déployé au profit des unités de terrain (outils et fichiers opérationnels factices).

Enfin, dans le cadre de l’instruction tactique, l’apprentissage du combat se fait désormais de façon plus pédagogique et ludique, grâce à un Simulateur tactique (SIMTAC). Avant les exercices sur le terrain et le traditionnel bivouac, les élèves peuvent ainsi mettre en pratique les cadres d’ordre et les manœuvres étudiées. Postés devant un ordinateur et équipés d’un casque, ils vont apprendre à communiquer et à appliquer des schémas tactiques, selon des scénarios plus ou moins complexes, proposés par le logiciel qui s’apparente à un jeu vidéo. « Cela permet de mieux visualiser la manœuvre que l’on va déployer sur le terrain », souligne l’élève-gendarme Naomi Otomimi.

L’optimisation de son potentiel

Un module inédit a fait son entrée dans le cadre de la formation des futurs gendarmes : l’Optimisation du potentiel individuel et collectif (OPIC). Développée par l’Institut de recherche biomédicale des Armées (IRBA), cette méthode vise à proposer aux élèves des stratégies mentales pour leur apprendre à gérer le stress, la fatigue et les émotions. Les élèves sont invités à mettre en pratique ces méthodes dans le cadre de différentes matières : la respiration et la répétition pour le tir dégainé, la dynamisation et la récupération lors du parcours du combattant, l’imagerie mentale dans le cadre du contact et du renseignement, etc. « Cela nous aide en formation et cela nous aidera sur le terrain », reconnaît l’élève-gendarme Damien Saint-Éloi.

Par ce moyen, les élèves sont incités à communiquer avant et après les séances sur leurs sensations, voire leurs appréhensions. De plus, les sujets les plus sensibles, liés à la violence de la société et aux situations traumatisantes pouvant être rencontrées dans le cadre de la profession, sont également abordés en cours : confrontation à la mort, annonce d’un décès, etc.

Au cœur de l’actualité

La rénovation de la formation s’inscrit en parfaite cohérence avec le déploiement de la Police de sécurité du quotidien (PSQ) et la valorisation des liens que la gendarmerie entretient avec la population. La partie de l’enseignement dédiée au sens du contact a notamment été étoffée.

« La nouvelle génération est souvent plus à l’aise avec les outils numériques que dans le cadre du contact », observe l’adjudant Olivier Rochel, instructeur à l’EDG de Chaumont. On invite donc les élèves à développer leur empathie et leur sens de la proximité à travers, là aussi, différentes techniques : écoute active, questionnement adapté, communication interpersonnelle, apaisement des conflits,etc. L’accueil et l’audition des victimes font aussi l’objet d’un enseignement approfondi, avec des mises en pratique ainsi que des interventions d’associations de victimes.

Cette nouvelle formation initiale donne enfin toute sa place à des modules spécifiques dédiés à la lutte contre les phénomènes contemporains, objets de priorités d’action gouvernementale, comme la radicalisation, les violences intrafamiliales, sexuelles et sexistes ou encore la cybercriminalité.

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