"Je t’aime est un euphémisme", au cœur de la complexité des relations amoureuses

  • Par capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 05 décembre 2021

Sorti en septembre 2021, "Je t’aime est un euphémisme" est le premier livre du chef d’escadron Rémi Szabo. Suivant l’évolution et les tourments d’une relation amoureuse, il rend justice à toutes les femmes victimes des coups de leur mari.

Je t’aime est un euphémisme, ou l’histoire d’un couple dont la rencontre laissait présager un avenir sans nuage, mais qui pourtant, va se déchirer. Le chef d’escadron (CEN) Rémi Szabo, commandant l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Grasse, signe là sa première œuvre.

En 2015, alors affecté à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), il se lance un beau défi : lire tous les classiques français et étrangers. « J’ai eu un déclic en lisant l’œuvre de Proust, confie-t-il. Je ne voulais pas juste être un spectateur. Je voulais écrire. » Il se lance dès 2019, avec un premier roman poétique, qu’il gardera pour lui. S’enchaînent un deuxième, un troisième… Jusqu’au sixième livre qu’il se décide à soumettre à un éditeur.

« Pour elle, l’amour, c’est la paix, la crise, et la guerre »

205. C’est le nombre de pages durant lequel le lecteur se fait le témoin impuissant de la déliquescence des liens unissant Jean-Marc et Monica. Le spectateur d’une lente descente aux enfers même ! Au fil des pages, l’emprise de Jean-Marc sur Monica devient de plus en plus perceptible. Mensonge, blessures psychologiques, puis excuses. Un cercle infernal fréquent et tellement destructeur.

Les blessures invisibles peuvent faire mal, autant que les coups physiques, équivalence des bleus au corps et des blessures de l’âme, d’une certaine manière hein

Chapitre 7

Puis, la pression psychologique laisse place à la violence physique. Les mots devenant toujours plus durs, jusqu’au jour où les coups pleuvent. Une description sans détour ni fioriture, voulue par l’auteur. « Au delà du sens des mots, j’ai voulu faire naître dans le cœur du lecteur une émotion. Sans émotion, il n’y a pas de littérature. »

Mais plus que les violences conjugales, l’ouvrage évoque la complexité du sentiment amoureux. « Je n’ai pas voulu faire quelque chose de binaire avec, d’un côté, l’homme qui bat et, de l’autre, la femme victime. L’histoire est plus complexe. J’ai essayé de me mettre dans la peau des deux protagonistes ». C’est donc l’amour même qui est passé au crible, recelant de forces qui peuvent être décuplées en bien comme en mal. Pour le CEN Rémi Szabo, « l’amour n’est pas stable, il finit toujours par évoluer. Soit il s’altère, soit il se consolide ».

« Ce n’est pas un roman, mais la réalité »

Si l’histoire semble si réelle, c’est parce qu’elle l’est. Elle l’est dans son thème pour des milliers de femmes qui, chaque jour, sont victimes de leur conjoint. Mais elle l’est surtout pour l’auteur, pour ses parents. Ce roman n’est autre que l’histoire de leur couple, romancée certes, mais véritable. « L’histoire ne m’appartient pas, je n’ai fait que la mettre en forme. Ce livre n’est pas uniquement le mien, c’est aussi celui de ma mère. ». Le titre n’est d’ailleurs pas choisi au hasard et provient directement d’une lettre écrite par son père à sa mère.

 À toutes ces femmes battues d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Malheureusement.

Chapitre 18

On l’imagine sans mal, l’écriture n’a donc pas été facile. « J’ai écrit ce livre pour essayer de trouver des réponses… mais je n’ai trouvé que des questionnements ». Des questionnements que le CEN Rémi Szabo a su faire naître chez son lecteur. La première ligne du roman donne le ton : « Pourquoi revenir sur ses pas alors qu’on peut avancer ? » C’est la question que l’on se pose durant toute la lecture.

« Dire beaucoup avec peu »

« Durant deux ans, j’ai cherché mon identité d’écrivain. Je ne l’avais pas totalement trouvé avec Je t’aime est un euphémisme, mais c’était déjà un bon début ». Dès les premiers mots, le style est poétique, les mots choisis avec soin. « La poésie permet de transmettre des messages lourds de sens avec très peu de mots », exprime l’auteur autodidacte. À cette écriture poétique se mêle toutefois un style plus direct, plus familier, ponctué d’adresses au lecteur. Une façon de piquer la conscience de ce dernier, de le ramener à la réalité de la situation. « Ces adresses sont pour le lecteur, mais également pour moi-même, pour mes parents ».

 Juste un petit conseil entre nous, ça sera le seul et l’unique de cette histoire : ne revenez jamais sur vos pas, quoi qu’il en coûte, quoi qu’il advienne, parenthèse refermée.

Chapitre 1

Le CEN Rémi Szabo n’a rien laissé au hasard. Le rythme des phrases est le reflet de ce que vit Monica. Au fil des pages, les phrases se font de plus en plus courtes, les questionnements de plus en plus fréquents, représentant alors l’étau qui se ressert autour de la femme. Jusqu’au dernier mot : « Pourquoi ? ».

Un deuxième roman en préparation

Véritable passion, l’écriture continue d’occuper le temps libre du CEN Rémi Szabo, qui a déjà presque terminé son prochain roman, La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé. « Il s’agit d’un conte poétique, voire allégorique. L’histoire est complètement différente de Je t’aime est un euphémisme, mais je continue à me livrer dans celui-ci aussi ». À travers ses livres, il clame haut et fort sa sensibilité, trouvant dans l’écriture une forme de compagnie qui vient casser la fameuse « solitude du chef ». Capable de passer une journée entière à lire ou à écrire, ses fonctions ne viennent pas entraver cette passion. « Quand on veut vraiment faire quelque chose, on trouve toujours le temps ». Et pour en revenir à Je t’aime est un euphémisme, l’auteur n’exclut pas une suite. « Pourquoi ne pas réécrire l’histoire du point de vue de Jean-Marc … On verra ». À suivre donc !

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