Les gendarmes de Seine et Marne disent « Non au harcèlement scolaire »

  • Par le chef d'escadron Sophie Bernard
  • Publié le 10 novembre 2022
© Espace Jeunesse Esbly

Pour lutter contre le fléau du harcèlement scolaire, les gendarmes de la MPF 77 interviennent dans les établissements scolaires.

En 2013, Marion Fraisse, une adolescente de 13 ans victime de harcèlement scolaire dans son collège, se suicidait. Comme elle, des milliers de jeunes subissent régulièrement des propos, voire des comportements agressifs, de la part de leurs camarades. C’est pour lutter contre ce fléau qui peut entraîner anxiété, décrochage scolaire et conduire au drame que les gendarmes de la MPF 77 interviennent dans les établissements scolaires. « Le harcèlement scolaire est une thématique sur laquelle nous sommes particulièrement sollicités en matière de prévention et ce, de plus en plus tôt, avec des groupes qui se forment dès l’école primaire », remarque l’adjudant-chef Jean-Jacques Gayan, à la tête de l’unité.

« Kit » à prévenir, autant bien expliquer

Il faut dire que c’est un sujet loin d’être évident à aborder, d’autant qu’il constitue un délit pénal depuis la loi du 2 mars dernier, qui prévoit jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime harcelée. « Avec les plus jeunes, nous évoquons la différence entre une incivilité et une infraction. Nous leur expliquons également que ce n’est pas parce qu’ils sont mineurs qu’il n’y aura pas de sanction s’ils sont auteurs. S’agissant du collège, nous intervenons souvent dans le cadre des cours d’éducation morale et civique dispensés par les professeurs d’Histoire. C’est l’occasion d’aborder davantage la définition de l’infraction et ce qu’est concrètement un délit», décrit le gradé. « Nous insistons aussi sur le rôle très important des « pairs témoins ». Ces fameux camarades de classe qui voient bien ce qu’il se passe et ne disent rien, voire même acquiescent inconsciemment en rigolant.Nous leur faisons comprendre que leur silence et leur inaction confortent l’auteur et l’incitent à continuer voire à harceler davantage. A contrario , de par leurs actions, comme par exemple en parler à la place de la victime à un référent, ils peuvent faire cesser ce cercle sans fin. »

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Dans un esprit pédagogique, afin d’appuyer leur propos auprès des plus jeunes, les personnels de la MPF du 77 ont imaginé, récemment, l’élaboration d’un kit de prévention sur le sujet. À l’intérieur se trouvent des livrets individuels avec des questionnaires adressés à la fois aux élèves de CM1 et à leurs parents, des affiches, ou encore des marque-pages avec les numéros utiles tels que le 3020, pour le harcèlement scolaire, ou le 3018 en cas de cyberharcèlement. « Comme le disent si bien les équipes éducatives, la moitié du temps, les problèmes ne se passent plus devant les grilles de l’établissement, mais derrière l’écran. Ces professionnels se sentent alors démunis face à un espace qu’ils ne peuvent pas maîtriser. En complément du permis internet que nous faisons passer aux CM2,et dans la continuité de son engagement pour lutter contre le harcèlement scolaire, le département a d’ailleurs lancé cette année une campagne de sensibilisation et d’éducation aux outils numériques», souligne le chef de la MPF.

Financés en partie par le Groupement de gendarmerie de Seine-et-Marne et la Direction générale de la gendarmerie nationale, les kits de prévention élaborés par son unité devraient être diffusés, dès janvier 2023, dans les établissements scolaires du département.

De multiples actions en lien avec le département

Au delà de cette initiative, les personnels de la MPF participent déjà aux nombreuses actions mises en place par le département de Seine-et-Marne sur le sujet. « Depuis cinq ans, nous intervenons au sein des établissements scolaires dans le cadre de la semaine « Non au harcèlement » organisée par le ministère de l’Éducation nationale. Cette année, l’espace jeunesse et le collège Louis-Braille d’Esbly, avec lesquels nous collaborons régulièrement, ont d’ailleurs été priméspour la réalisation d’un clip qui sert de support à la campagne de mobilisation de ce 10 novembre»

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Les gendarmes sont également intervenus dans la formation de « la brigade des médiateurs », une douzaine de personnes recrutées par le département et chargées de mener des actions de prévention, ainsi que d’intervenir en cas de conflit aux abords et au sein des collèges du territoire. « Ils disposeront pour cela desalles de confiance, un lieu neutre dédié dans les établissements volontaires et les projets de construction à venir, où les élèves pourront s’exprimer plus facilement sur leurs difficultés avec leurs camarades. »

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Enfin, la MPF a été associée au Groupe de prévention du décrochage scolaire (GPDS) du collège de Lizy-sur-Ourcq avec lequel la gendarmerie a signé une convention. «Tous les parents étant informés en début d’année scolaire de cette action au sein du collège, nous sommes amenés à recevoir individuellement des jeunes victimes ou auteurs de harcèlement, de violences, ou encore d’insultes. L’idée n’est ni de pointer un élève du doigt, ni de se substituer à l’équipe éducative, mais bien d’aborder la gravité de ces faits avec lui. Les résultats sont là puisqu’on ne voit jamais les mêmes jeunes revenir et que nous avons des retours très positifs», se félicite l’adjudant-chef Gayan qui n’a pas dit son dernier « Non » au harcèlement scolaire.

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