Les élèves-officiers de la gendarmerie nationale à l’épreuve du stage commando
- Par Pierre Boulay
- Publié le 27 mai 2024, mis à jour le 30 mai 2024
Du 22 au 28 avril 2024, les élèves-officiers du 2e groupement de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) ont participé à un stage d’initiation commando au fort des Adelphes, dans les Vosges. Ce stage intense et éprouvant, le dernier en tenue kaki de leur scolarité, vise à les préparer aux réalités du terrain en leur apprenant à repousser leurs limites physiques et mentales.
Le stage commando, marquant la fin de la première année de scolarité des élèves-officiers, est une étape importante de leur formation. D’une durée de sept jours, ce stage très dense a confronté les élèves à un programme exigeant, conçu pour tester leurs capacités physiques et mentales.
« Même si tout le monde n’obtient pas le brevet, chacun sortira grandi de ce stage »
Divisé en deux parties, une phase tactique et une phase technique, le stage commando a mis l’accent sur différents critères d’évaluation. Durant la phase tactique, les élèves-officiers ont été confrontés à des scénarios réalistes et ont été jugés sur leur capacité à planifier et exécuter des missions, travailler en équipe ou encore prendre des décisions sous pression. Durant la phase technique, ils ont été évalués sur leur maîtrise du franchissement d’obstacles et du franchissement opérationnel (manœuvres d’intervention en hauteur nécessitant du matériel spécifique, installation de cordages…) ou encore sur leur technique de combat au corps à corps.
Selon l’adjudant Thibaut, encadrant le 3e peloton du 2e groupement de l’EOGN, « pour réussir le stage commando, les élèves-officiers doivent se dépasser physiquement et mentalement. Ils sont évalués sur leur engagement tout au long de la semaine et sur leur état d’esprit, notamment dans un contexte de fatigue, de stress et de manque de sommeil constant. Leur engagement sur la phase tactique est également très important. Le parcours avec les câbles, en l’occurrence la « piste rouge », est chronométré et doit être terminé en un temps imparti. On va donc prendre en compte tous ces résultats jusqu’au dernier jour. Certains valideront leur brevet, d’autres pas. Ce n’est pas impactant pour leur scolarité s’ils ne l’ont pas. Disons que c’est une qualification qui leur permet d’apprendre à se connaître, connaître leurs limites physiques et psychologiques. Même si tout le monde n’obtient pas le brevet, chacun sortira grandi de ce stage. »
Durant 24 heures, nous avons suivi les élèves-officiers du 3e peloton au cours de leurs derniers jours de stage. Entre franchissements opérationnels et méthodes de renforcement physique naturelles, ils ont fait preuve d’une détermination sans faille et d’une cohésion exemplaire.
L’atelier « passabloc »
Samedi, en début de matinée, les élèves-officiers se sont exercés sur un atelier « passabloc », un exercice de franchissement d’obstacles mettant à l’épreuve leur maîtrise des techniques de corde et leur esprit d’équipe.
« Ils travaillent leur technique de franchissement, le « passabloc » leur permettrait de franchir une rivière en toute sécurité, en installant un moyen d’ancrage, d’assurance entre deux arbres. Toutes les manipulations ont déjà été apprises par les élèves-officiers il y a plusieurs semaines à l’école », explique l’adjudant Thibaut.
Le parcours chronométré : la piste rouge
La piste rouge individuelle, deuxième exercice de la journée, est un parcours chronométré constituant un élément primordial pour valider le brevet d’initiation commando. Plusieurs obstacles sont à franchir dans un temps limité, mettant à l’épreuve l’endurance, la force, l’agilité et la coordination des élèves-officiers, déjà fortement impactés par le manque de sommeil et l’effort physique de la semaine.
La descente en rappel
Parmi les nombreuses épreuves du stage commando, la descente en rappel est l’une des plus spectaculaires pour les élèves-officiers, souvent redoutée par ceux ayant le vertige… L’exercice consiste à descendre en rappel le long d’une paroi d’entraînement, à l’aide d’une corde et d’un descendeur. Si la technique peut sembler simple, la mise en pratique est loin d’être aisée, d’autant plus que les futurs officiers ont dû composer avec l’obscurité et le port de leur sac à dos durant la deuxième phase de descente, effectuée de nuit.
Le TIOR : Technique d’Intervention Opérationnelle Rapprochée
Depuis les années 2000, l'armée de Terre a mis en place les Techniques d'intervention opérationnelle rapprochée (TIOR). Enseignées à l'EOGN depuis 2009, ces techniques de combat rapproché, avec ou sans arme, permettent de répondre à tout type d'attaque. Samedi, en début de soirée, les élèves-officiers ont suivi une formation aux différentes méthodes de maîtrise d’un adversaire, dans le cadre de leur apprentissage du combat au corps à corps.
« Il y a trois efforts principaux à gérer durant ce stage : la fatigue, le froid et le port de charges lourdes »
Trois élèves-officiers, tous issus du recrutement d’Officier de gendarmerie universitaire (OGU), le sous-lieutenant Maxime, le sous-lieutenant Mathis et le sous-lieutenant Dimitri, partagent leurs ressentis et leurs expériences marquantes au cours de ce stage commando.
Le sous-lieutenant Maxime a ainsi rappelé l’importance de se dépasser lors de ce stage, leur dernier en tenue kaki : « C’est le stage qui vient après celui de Saint-Cyr-Coëtquidan (chef de section, NDLR). Il est beaucoup plus court mais beaucoup plus intense. Nous sommes amenés à nous dépasser pour clore cette année de formation. On ne prendra en considération que plus tard, en unité, lorsque l’on sera fatigué ou dépassé par un événement, ou avec des missions que l’on ne connaît pas trop ou dont on n’a pas l’habitude, que nous sommes capables, que l’on peut s’en sortir car on l’a déjà fait. »
« On doit vite se mettre dans le bain. Le premier matin, on a eu une course de 8 kilomètres à effectuer en treillis, rangers, avec le casque et le FAMAS, donc c’était engageant physiquement dès le départ. Puis on a enchaîné sur une des missions les plus longues de la semaine : on a énormément marché, plus de 50 kilomètres dans la journée, avec le port de charges que j’évoquais. Il a donc fallu rapidement se mettre dedans et le corps s’est chargé de s’adapter pour la suite », décrit le sous-lieutenant Dimitri.
Au-delà de la valeur officielle du brevet d’initiation, aller au bout de ce stage commando est avant tout une source de motivation et de fierté pour les élèves-officiers. « Le stage commando, c’est se dépasser durant une semaine, mais c’est aussi et surtout un accomplissement personnel. Aux yeux des cadres, il faut montrer qu’on s’est donné et qu’on en veut ! », estime le sous-lieutenant Mathis, blessé le samedi lors du parcours chronométré. « Le plus dur, c’était de tenir dans la durée, de gérer l’effort… Je me suis blessé sur la piste rouge… J’ai fait toute la semaine comme les autres et je me blesse finalement sur le dernier obstacle. Donc ce brevet d’initiation, je ne l’aurai sûrement pas… Mais au fond, je sais que je me suis donné et que je n’ai rien lâché. »
Le stage commando est une bonne occasion pour les élèves-officiers de découvrir leurs propres limites. En se dépassant, ils découvrent leurs points forts et faibles. « Je dirais qu’il y a trois efforts principaux à gérer durant ce stage. Premièrement le sommeil et la fatigue, car on dort deux à trois heures par nuit. Deuxièmement la météo, il fait froid, c’est très difficile à gérer, surtout la nuit et le matin et, enfin, l’effort physique, car on porte des charges lourdes tous les jours », indique le sous-lieutenant Mathis.
Malgré l’effort, de bons souvenirs resteront gravés dans leurs mémoires
Tour à tour, les trois militaires exposent leur meilleur moment de leur semaine. « Il y a eu beaucoup de bons moments de nuit, dans l’attente et dans le froid. On était tous fatigués, mais on riait beaucoup, pour pas grand-chose… », plaisante le sous-lieutenant Maxime. L’élève-officier Dimitri confirme : « C’est vrai que c’étaient des bons moments durant la phase tactique, on rigolait pour rien. Ça m’est arrivé plusieurs fois durant la nuit de voir un tronc d’arbre et de croire que c’était quelqu’un, s’exclame-t-il. On marchait sans lumière, heureusement on avait la pleine lune pour nous éclairer. Parfois, une voiture passait et on devait vite se cacher, donc il y avait quand même une vraie tension, car on ne comptait pas se faire attraper et on voulait aller au bout de la mission. »
« Le meilleur moment, c’était la descente en rappel sur la paroi dans le centre-ville d’Épinal. Il y avait un coucher de soleil, on était seul pour la première fois depuis six jours, on a pu se mettre dans notre bulle et respirer un grand coup, c’était vraiment sympathique comme activité ! », se souvient le sous-lieutenant Mathis.
La remise des brevets
La remise des brevets est l'aboutissement d’une semaine de stage intense, un moment solennel et symbolique pour les élèves-officiers. Une occasion pour eux de célébrer leur réussite et de recevoir la reconnaissance officielle de leur effort. Si tous n’ont pas pu obtenir le brevet et l’insigne, il est important de souligner que tous les élèves-officiers ressortent grandis et accomplis personnellement de ces sept jours. Cette cérémonie marque la fin d’un parcours difficile mais enrichissant et le début d’une nouvelle étape, en tenue bleue, pour les futurs officiers de la gendarmerie nationale.
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